Charest n'en a pas fini avec la contestation

Le mouvement social promet de «faire sa fête» demain au gouvernement Charest, à l'occasion du premier anniversaire de son arrivée au pouvoir. Syndicats, groupes communautaires, féministes, étudiants, environnementalistes, altermondialistes, tout le «Québec social» s'est donné le mot pour célébrer l'an I du gouvernement Charest par des actions régionales aux quatre coins de la province.

Si le mouvement syndical a fait vivre un automne chaud au gouvernement Charest, le printemps promet de l'être également, avec le concours d'un plus grand nombre d'organisations sociales, réunies sous le parapluie du réseau Vigilance. Les actions régionales de demain seront le prélude à une mobilisation encore plus large le premier mai prochain, alors qu'on espère amener 50 000 personnes dans la rue à Montréal.

Ces jours-ci, des votes se tiennent aussi dans la majorité des syndicats du Québec, autant dans le secteur privé que public, pour obtenir un mandat de grève de 24 heures «à déclencher au moment jugé opportun».
«Le 14 avril, c’est une journée pour redire combien cela a été une année difficile, une année de recul, de confrontation. Mais on célèbre aussi la résistance, le fait qu’une grande partie de la population ait forcé le gouvernement Charest à faire des changements importants par rapport à son plan», explique Lorraine Guay, porte-parole du Réseau Vigilance qui regroupe une cinquantaine d’organisations. Elle mentionne notamment les gains pour les familles à faible revenu dans le dernier budget, l’abandon des pénalités à l’aide sociale et les compressions moins importantes que prévu dans les services de garde.

Des actions hétéroclites
Les actions prendront des formes très différentes d’une région à l’autre. À Montréal, les protestataires convergeront à 17h30 vers le Square-Victoria pour une manifestation sous l’égide de la Coalition «J’ai jamais voté pour cela» qui les mènera devant le bureau du premier ministre, rue McGill. Plus tôt dans la journée, des militants pour le logement social «bloqueront la voie à Charest», en perturbant la circulation rue Saint-Denis devant les bureaux du Parti libéral pour manifester leur inquiétude devant un possible assouplissement de la méthode de calcul des hausses de loyers.
À Québec aussi, les groupes sociaux promettent de bloquer le boulevard Charest, une grande artère du centre-ville. Vers midi, environ 5000 personnes sont attendues devant l’enceinte du Parlement, principalement des collégiens en colère contre la hausse de l’endettement étudiant ainsi que des représentants d’organismes communautaires.
En région, les militants de l’Outaouais espèrent forcer la fermeture du Casino; ceux de l’Abitibi organiseront un cortège funèbre qui ralentira la circulation et s’arrêtera devant les bureaux des députés; des rues devraient être bloquées dans six villes de la Montérégie; un cortège d’automobiles ira porter des ballons aux députés libéraux de la Mauricie avec l’inscription «J’ai jamais voté pour ça» et des culottes à la députée péquiste pour qu’elle joue son rôle d’opposition; une soupe populaire sera servie à Joliette; une action-surprise est au programme dans la Côte-Nord... Les actions sont très hétéroclites.

Méfiance
L’objet de la grogne n’est pas aussi clair que l’automne dernier, alors que les syndiqués se mobilisaient contre l’adoption de lois facilitant le recours à la sous-traitance, limitant l’accès à la syndicalisation et forçant la fusion d’accréditations syndicales dans le secteur de la santé. Une fois les lois controversées votées, le gouvernement a adopté un ton plus conciliant, en déposant un budget à saveur sociale et en annonçant les forums de consultation régionaux, alors qu’il disait auparavant avoir été élu pour effectuer des changements.
«Avec le budget, on constate seulement une remise à plus tard des hostilités. Le gouvernement n’avait pas les moyens de poursuivre sa déconstruction de l’État ce printemps, avec les sondages et l’élection fédérale», croit le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, qui promet d’avoir les chantiers de la réingénérie à l’oeil. L’organisation détient depuis deux semaines un mandat pour une grève de 24 heures.
La présidente de la Confédération des syndicats nationaux abonde dans ce sens: «On est convaincu que les orientations conservatrices du gouvernement Charest sont toujours là. Oui, la baisse dans les sondages l’a amené à ralentir le tempo. C’est peut-être un gouvernement un peu affaibli, ce n’est pas un gouvernement converti à la cause citoyenne et à la cause des travailleurs», fait valoir Mme Carbonneau.
D’ici au 15 mai, la plupart des syndicats de la centrale se prononceront sur un mandat de grève d’une journée. La leader syndicale constate une réponse très positive des syndiqués jusqu’à maintenant: «Nos membres sont profondément en colère contre ce gouvernement et profondément convaincus que seul un mouvement organisé peut faire en sorte que, pendant les trois prochaines années, ce ne soit pas l’enfer et le détricotage de tout ce qu’on a comme protection sociale au Québec.»

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