La famille de Fadi Fadel, ce travailleur humanitaire canadien retenu en otage en Irak depuis mercredi soir dernier, est toujours rongée par l'inquiétude concernant le sort réservé au jeune homme par ses ravisseurs. Un représentant du ministère des Affaires étrangères a cependant appelé les parents de M. Fadel dans la nuit de vendredi à samedi pour leur assurer que leur fils était toujours vivant et qu'il avait accès à de la nourriture.

«Mais on ne sait toujours pas où il est et pourquoi il a été enlevé, déplore le frère de M. Fadel, Ghayas. Nous sommes toujours dans le noir et nous sommes très inquiets.» Les dernières nouvelles concernant la situation de M. Fadel datent de vendredi soir, et la famille attend impatiemment d'avoir des informations plus récentes.

Le ministère des Affaires étrangères a appelé hier M. Ghayas Fadel pour lui annoncer la tenue d'une conférence de presse aujourd'hui à Amman, en Jordanie, pour rétablir dans les médias arabes la véritable identité de M. Fadel, un Lavallois âgé de 33 ans, où il est présenté comme un agent israélien. «Sur la cassette vidéo envoyée par les ravisseurs, Fadi est présenté sous un autre nom, et ils disent qu'il est israélien, explique Ghayas Fadel. Il semble que, dans les pays arabes, ce n'est pas très clair qui il est.»

Cette erreur d'identité pourrait être à l'origine de l'enlèvement du Canadien, estime Ghayas Fadel. «C'est un travailleur humanitaire, il ne dérange personne, alors on ne voit pas pourquoi il a été enlevé. Cette erreur d'identité pourrait être une explication.»

Le ministère des Affaires étrangères demeure cependant avare de commentaires concernant les opérations en cours pour obtenir la libération du Canadien. «Nous faisons tous les efforts possibles pour réaliser sa libération. Nous ne pouvons toutefois pas faire de commentaires sur les détails opérationnels», a déclaré en entretien téléphonique au Devoir un porte-parole du ministère, Sameer Hamad.

L'organisation humanitaire pour laquelle travaille M. Fadel, l'International Rescue Committee (IRC), basée à New York, soutient de son côté que le cas de M. Fadel est présentement «la priorité de l'organisation» et qu'elle fait tout ce qui est en son pouvoir «pour favoriser sa libération». La responsable des communications de l'IRC, Melissa Winkler, jointe par téléphone hier, indique que les employés «sont extrêmement inquiets. Notre sentiment est au-delà des mots. Nous sommes vraiment préoccupés par la sécurité de M. Fadel et cette situation est très difficile pour l'IRC.»

Selon Mme Winkler, Fadi Fadel était «très proche de la communauté irakienne» et «grandement apprécié» par celle-ci. Depuis trois mois, le travailleur humanitaire est responsable de la mise sur pied de centres pour les jeunes, où des activités sportives, culturelles et éducatives sont offertes. Il a également sécurisé des lieux extérieurs pour que les enfants irakiens puissent jouer dehors. Il a coordonné au total la mise en place d'une vingtaine de ces lieux dont profitent 10 000 enfants.

«Il était très enthousiaste par rapport à ce projet. Il était passionné par son travail. C'est triste qu'une chose semblable arrive à quelqu'un qui venait grandement en aide à la communauté irakienne», a déclaré Mme Winkler.