La revue d’«Infoman» vise juste

En une heure, le regard oblique de Jean-René Dufort réussit à éclairer l’année plus sûrement qu’une éphéméride, fût-elle exhaustive. La formule est éprouvée ; le rythme toujours aussi efficace, sans trace visible d’essoufflement pour cette mouture 2017 d’Infoman qui a radiographié l’année avec sa justesse habituelle.
C’est une Charlotte Cardin chantant l’amour au temps des catastrophes qui a lancé la revue avec un bel aplomb. Baveuse à souhait, sans être bêtement méchante, la vue d’ensemble a permis de mesurer le chemin parcouru sur le plan social en 2017, année pour le moins explosive sur le front des inégalités.
Mention spéciale à cet effet au set carré inclusif animé par Chantal Lamarre qui a trouvé une jolie manière d’aborder nos questionnements lancinants entourant les notions de genre, de race et de consentement. L’humoriste et comédien Fabien Cloutier a fait le reste avec sa chienne « Magraine », illustrant les limites à ne pas franchir en société en jouant férocement sur les niveaux de discours.
Par comparaison, le surplace politique n’aura paru que plus criant sous la loupe de Jean-René Dufort, qui excelle dans l’art de piquer ceux qui nous dirigent en les cuisinant sur leur année en dents de scie. Hélas, l’aparté réservé au discours décousu d’une Mélanie Joly fidèle à sa réputation est tombé à plat. Il n’était pas nécessairement mauvais, mais le Bye Bye a frappé plus fort en poussant la logique plus loin, et ce, avec une inventivité autrement jouissive.
L’équipe d’Infoman a visé plus juste avec Philippe Couillard, Andrew Scheer, Justin Trudeau ou même Valérie Plante, allant jusqu’à appeler la science à la rescousse pour éblouir cette dernière avec ses « superpouvoirs ». Amusante aussi, cette parodie des « Jokes de papa » avec des députés visiblement bons joueurs.
Surréaliste enfin, le passage de Jean-René chez l’homme le plus armé des États-Unis, alors que les tueries se suivent dans une Amérique déchirée entre deux camps. Le mot de la fin a été laissé au chanteur Émile Bilodeau et à tous ceux qui, comme lui, en ont eu plein leur casque de 2017 (du pa-ma-trimoine, de Despacito, de Netflix…), année plaquée avec fougue par le footballeur québécois Laurent Duvernay-Tardif. 2018 a intérêt à bien se tenir.