Tunnel Québec-Lévis: la CAQ insiste

La publication d’une étude estimant à 4 milliards de dollars le coût du tunnel Québec-Lévis ne décourage pas la Coalition avenir Québec (CAQ), qui réclame d’autres études avant de mettre ce projet de côté. Le gouvernement, lui, joue de prudence.
L’étude rendue publique mardi « est un leurre » et le gouvernement « cache » d’autres études-clés sur ce projet, ont fait valoir les députés de la CAQ Éric Caire (La Peltrie) et François Paradis (Lévis).
La CAQ appuie ses dires sur un échange de courriels du ministère des Transports de février 2015 dans lequel le patron du ministère disait avoir en main « plusieurs études pertinentes » sur le lien Québec-Lévis.
Réalisée par le professeur Bruno Massicotte de Polytechnique Montréal, l’étude juge le projet de tunnel « faisable », mais évalue à 4 milliards le coût de sa construction. Le gouvernement a attendu six mois avant de la rendre publique.
Au cabinet du ministre des Transports, Laurent Lessard, on dit n’avoir rien à cacher. « On n’a pas intérêt à cacher quoi que ce soit », a déclaré son attaché de presse, Mathieu Gaudreau. « S’il y a d’autres études, on va les rendre publiques avec plaisir. »
En ce qui concerne l’ampleur des coûts, il rétorque que « c’est cher ». « À 4 milliards, on va se donner le temps de regarder les autres solutions », dit-il. La CAQ a quant à elle refusé de dire si elle jugeait le montant de 4 milliards trop élevé.
Au Parti québécois, on pense que le tunnel n’est pas la solution de toute façon. « La priorité, si on a des milliards à investir, ce sont les transports en commun. Que ce soit le SRB ou le tramway », a déclaré la députée de Taschereau, Agnès Maltais.
Treize ans de travaux
D’une longueur de 7,8 kilomètres, le tunnel relierait l’échangeur des autoroutes 40 et 440 à la hauteur de Beauport et le sud de la route 132 à l’est de la route Lallemand, qui est reliée à l’autoroute 20. Le tunnel passerait à l’ouest de l’île d’Orléans.
L’étude ne précise pas combien de personnes pourraient transiter par le tunnel par jour et ne traite pas non plus de son impact potentiel sur la circulation. Cela ne faisait pas partie du mandat donné à M. Massicotte, a signalé ce dernier mardi.
Dans le scénario qu’il a présenté, le tunnel serait constitué de deux tubes de deux voies chacune qui seraient reliés tous les 500 mètres. La limite de vitesse y serait de 70 kilomètres à l’heure.
Il faudrait environ 13 ans pour le construire et ses coûts d’exploitation sont évalués à 2,3 milliards sur 100 ans.
Poussé à l’origine par la Chambre de commerce de Lévis, ce projet suscite beaucoup d’intérêt à Québec depuis quelques mois. Pas moins de 83 % de la population de Lévis y était favorable en 2015, selon un sondage commandé par la Ville.
Le maire de Québec, Régis Labeaume, a récemment qualifié le projet de « piège à cons », déclarant que ses partisans sous-estimaient les coûts d’une telle entreprise. M. Labeaume veut plutôt miser sur le projet de Service rapide par bus (SRB) pour réduire la congestion à Québec. En mars dernier, le gouvernement a injecté 12,5 millions dans le bureau d’étude de ce projet.
Selon le professeur Massicotte, le principal défi d’un tunnel réside dans la présence de « dépôts meubles » (des sables mous) sur la Rive-Nord, laquelle pourrait « être sujette à des mouvements » en cas de tremblements de terre. Il faudrait donc renforcer la structure à cet endroit, ce qui entraînerait des « coûts assez importants » de « centaines de millions ». Ces coûts ont toutefois été pris en compte dans l’évaluation de 4 milliards.
Récemment, une coalition de groupes environnementaux a dénoncé ce projet, qui serait, selon eux, le « scénario contraire à toutes les orientations prises en matière de développement, d’environnement et de mobilité par les différents paliers de gouvernement au cours des dernières années ».
L’emplacement du tunnel choisi par le ministère des Transports a été privilégié parce qu’il relie deux autoroutes. Il ne s’agit toutefois pas du secteur de la région où le trafic est le plus intense.