La rémunération des médecins québécois devrait être revue à la baisse, plaide l’IRIS

Il serait temps de diminuer la rémunération des médecins québécois, affirme l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), qui calcule qu’une diminution de 12 % permettrait d’engranger une économie de 1 milliard dès 2017-2018, et du double en 2020-2021.

« À notre avis, nous aurons du mal à supporter les hausses telles qu’elles se présentent. L’ampleur des dépenses justifierait une intervention », explique l’auteur de la note et chercheur, Guillaume Hébert.

Dans une note publiée mercredi, l’IRIS conteste la validité de la comparaison entre la rémunération des médecins du Québec et du Canada qui a mené à la négociation de hausses substantielles depuis 2007.

12 %
Diminution de la rémunération des médecins québécois proposée par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques.

L’enveloppe dédiée aux médecins atteindra 9 milliards en 2020. La hausse aura été de 82 % en dix ans, calcule l’IRIS. Ces sommes comprennent les frais de cabinet, qui sont de l’ordre de 30 % environ pour certaines spécialités. Ceshausses ne sont pas justifiables, selon l’IRIS.

Citant l’économiste Pierre Fortin, l’IRIS calcule que le coût de la vie est 12 % plus faible au Québec en comparaison de l’Ontario. La rémunération brute des médecins ontariens est plus élevée qu’au Québec, mais elle devient légèrement plus faible si elle est ajustée en fonction du coût de la vie dans les provinces respectives. D’où la proposition de l’IRIS d’ajuster de 12 % à la baisse l’enveloppe des médecins québécois.

De plus, les hausses de revenu des travailleurs québécois ont été « incomparables » avec celles des médecins ces dernières années, plaide l’IRIS. Sans compter que le nombre d’actes médicaux et l’accès n’augmentent pas malgré les incitatifs financiers, ajoute l’institut.

La rémunération des médecins continuera à croître dans les prochaines années. L’étalement des hausses consenties en 2007 doit se poursuivre jusqu’en 2022, ce qui représente 5,2 milliards de dollars à verser entre 2015-2016 et 2021-2022. Les fédérations médicales ont aussi négocié une « clause remorque » avec Québec qui leur permettra d’obtenir au moins les hausses consenties aux employés de l’État lors des dernières négociations, soit 368 millions, calcule l’IRIS.

D’autres propositions

L’IRIS demande aussi une analyse des firmes de facturation médicale — il y en aurait environ 200 — qui promettent aux médecins une « maximisation » de leur rémunération.

Sans se positionner contre le paiement à l’acte des médecins, Guillaume Hébert pense qu’une réflexion s’impose sur la complexité que cela implique. « C’est la raison de l’existence de ces firmes de facturation, qui entraînent des coûts administratifs dont on ignore l’ampleur », explique-t-il.

Concernant les Groupes de médecine familiale (GMF), qui recevront deux fois plus de financement par patient à partir de cette année, l’IRIS souhaite qu’un mécanisme de « représentation citoyenne » soit instauré. « On se retrouve à mettre plus de ressources que jamais en GMF, mais on doit faire confiance aux propriétaires de ces cliniques, car il n’y a pas de participation citoyenne », reproche M. Hébert.

L’IRIS se prononce aussi en faveur des cliniques sans médecin et demande un accroissement du nombre d’actes qui peuvent être confiés à d’autres professionnels.

12 %
Diminution de la rémunération des médecins québécois proposée par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques.

À voir en vidéo