Le Front commun révèle les détails de l’entente de principe

Les représentants des 400 000 travailleurs du secteur public membres du Front commun ont présenté dimanche l’entente de principe qu’ils ont conclue jeudi avec le gouvernement. Celle-ci prévoit des augmentations de salaire pouvant aller jusqu’à 10,25 % sur cinq ans et fait passer l’âge de la retraite sans pénalité actuarielle à 61 ans à partir de 2019.

« Tout au long de cette négociation, le Front commun a fait valoir deux priorités : stopper l’appauvrissement des salariés du secteur public et mettre fin au retard salarial avec les autres travailleurs québécois, a rappelé le président de la Confédération des syndicats nationaux, Jacques Létourneau. Nous avons bien sûr fait des compromis, mais nous avons surtout forcé le gouvernement à sortir de son cadre financier initial. »

L’entente, conclue au terme de négociations qui ont duré plus d’un an, ne marque pas la fin des hostilités entre le gouvernement et ses employés membres du Front commun. Ces derniers doivent encore approuver les modalités de l’accord au cours d’assemblées générales prévues au retour du congé des Fêtes.

Les employés « gagnants »

Quand même, les travailleurs « sortent gagnants » de cette longue négociation, ont estimé les porte-parole syndicaux, qui exigeaient au départ une hausse salariale de 13,5 % sur trois ans, tandis que le gouvernement leur proposait plutôt des augmentations totalisant 3 % sur cinq ans.

Le règlement salarial prévoit maintenant un montant forfaitaire de 1 % en 2015 et des augmentations salariales de 1,5 % en 2016, 1,75 % en 2017 et 2 % en 2018. En 2019, les employés du secteur public membres du Front commun obtiendraient une hausse salariale moyenne de 2,4 % en raison de l’entente sur les relativités salariales.

L’âge de la retraite sans pénalité actuarielle passerait quant à elle de 60 à 61 ans en 2019. Les employés ayant 30 années de service pourraient cependant quitter leur emploi à 60 ans, sans pénalité. Quant à la pénalité actuarielle, elle passerait à 6 % en 2020.

« Moins que ça [6 %], ce sont les autres travailleurs qui se retrouvent à financer les départs anticipés », a analysé la porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics, Lucie Martineau.

Une mobilisation sans précédent

 

Tour à tour, les représentants de syndicats se sont félicités d’être parvenus à mobiliser leurs membres, puis la population. « On était inquiets en début de négociations […] parce que le gouvernement avait placé les pions de façon à récupérer tellement de choses que ça aurait créé un impact sur les services publics », a confié Daniel Boyer, de la Fédération des travailleurs du Québec.

Si le Front commun est parvenu à faire abandonner la majorité des demandes gouvernementales aux tables sectorielles — par exemple les changements dans les ratios maître-élèves et l’abandon des primes de soir pour les infirmières —, c’est grâce à la « mobilisation historique » de ses membres, a estimé le porte-parole.

Dans les six premiers mois de l’année financière en cours, le gouvernement Couillard a dégagé un surplus de 1,7 milliard de dollars. Si certains y ont vu une explication à l’affaiblissement de la posture du gouvernement, les porte-parole syndicaux n’ont pas privilégié ce raisonnement. Ils ont préféré attribuer la conclusion d’une entente à l’appui populaire et à la mobilisation de leurs membres. Ce sont d’ailleurs ces membres qui auront le dernier mot sur l’entente, qu’ils ont le choix d’accepter ou de rejeter.

Advenant une approbation, la lutte des syndicats contre les mesures d’austérité du gouvernement continuera, ont quand même prévenu les dirigeants syndicaux. « Depuis son élection, le gouvernement libéral s’acharne à couper dans tous nos services publics afin de pouvoir allouer des baisses d’impôts aux entreprises et aux mieux nantis de notre société. Les impacts de ces compressions budgétaires se font de plus en plus sentir auprès de la population. Nous continuerons à mettre tout en oeuvre afin de préserver nos services publics contre un tel démantèlement », a ainsi fait savoir le Front commun.

Poursuite des travaux en 2016 pour la FAE

D’un commun accord, le Comité patronal de négociation des commissions scolaires francophones et la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont décidé dimanche de poursuivre les travaux à la table de négociation sectorielle au retour du congé des Fêtes. « La FAE prendra le temps nécessaire afin d’en arriver à une entente négociée et satisfaisante », a fait savoir la Fédération, qui représente 34 000 enseignants répartis dans huit syndicats.

Des assemblées générales doivent avoir aussi lieu durant la deuxième semaine de janvier afin que les divers syndicats présentent un bilan de la situation aux membres. Entre-temps, les négociations entre la FAE et le Conseil du trésor se poursuivent à la table intersectorielle.


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