Kelley rejette le parallèle entre la DPJ et les pensionnats autochtones
Le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, trouve injuste qu’on accuse le gouvernement du Québec de créer une nouvelle version des pensionnats quand la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) retire de jeunes autochtones de leur communauté pour les confier à des familles blanches.
« Je trouve ça difficile quand on nous accuse [de faire] des “pensionnats 2” parce que n’est pas notre politique, ce n’est pas notre objectif, s’est défendu Geoffrey Kelley dans une entrevue accordée au Devoir. Le pensionnat, c’était carrément [pour] enlever la culture autochtone de l’enfant. Ce n’est pas notre désir. »
Le 25 novembre dernier, devant la commission parlementaire qui se penchait sur la violence faite aux femmes autochtones et leurs conditions de vie, la présidente de Femmes autochtones du Québec (FAQ), Viviane Michel, avait fait le rapprochement entre le retrait des enfants autochtones de leur communauté par la DPJ et les pensionnats de jadis. Lundi encore, en dévoilant un rapport de FAQ sur les femmes disparues ou assassinées au Québec, elle avait cité des intervenants qui faisaient état de ces enfants qui, sortis de leur communauté, devenaient des « disparus » aux yeux des leurs.
Selon Viviane Michel, le problème est plus criant dans les communautés qui n’assument pas la responsabilité des services sociaux et de la DPJ. Les familles d’accueil autochtones doivent alors répondre à tous les critères de la Loi sur la protection de la jeunesse, notamment l’exigence d’offrir une chambre séparée à l’enfant recueilli, une impossibilité dans des communautés aux prises avec un problème de surpopulation, a-t-elle expliqué au Devoir mardi. Résultat : les enfants sont envoyés dans des familles non autochtones qui, au bout de deux ans, peuvent faire une demande d’adoption. « Et on recommence le même processus qu’on a vécu avec les pensionnats : la coupure familiale, la coupure avec la vie communautaire, la coupure avec la langue, la coupure avec la culture », a souligné la présidente de FAQ.
M. Kelley soutient que c’est en dernier recours que la DPJ retire un enfant de sa communauté. Dans d’autres provinces comme le Manitoba ou la Colombie-Britannique, il est arrivé que les autorités tardent à intervenir, et une tragédie s’est produite, a-t-il fait observer. « Les ministres ont été vivement critiqués pour avoir traîné les pieds. »