Le secteur industriel demande grâce

Le secteur industriel a déjà fait un effort considérable pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre (GES), ce qui rend le potentiel de réduction future « minime et extrêmement onéreux », selon le Conseil patronal de l’environnement du Québec (CPEQ).

En commission parlementaire pour discuter de l’objectif de Québec de réduire de 37,5 % les émissions de GES en 2030 par rapport à 1990, le regroupement a d’abord remis en question le « réalisme » de la cible, car le Québec a réduit ses émissions de seulement 8 % entre 1990 et 2012 — contre un objectif de 20 %.

Le CPEQ a fait valoir que l’industrie a réduit de 21 % ses propres émissions de 1990 à 2012 et que le gros de l’effort devra forcément passer par d’autres voies.

« L’effort colossal, c’est le secteur du transport », a dit la présidente du CPEQ, Hélène Lauzon, en rappelant que près de la moitié des émissions totales au Québec, soit 44,7 %, provient du secteur du transport. Le plan d’électrification des transports récemment dévoilé à Québec sera nettement insuffisant pour atteindre l’objectif, a-t-elle dit.

La présentation du mémoire du CPEQ a eu lieu à la Commission des transports et de l’environnement, à laquelle assistait notamment le ministre de l’Environnement, David Heurtel.

Le regroupement, qui représente près de 250 entreprises et une trentaine d’associations, appuie la lutte contre les changements climatiques, mais estime que le maximum des réductions que le secteur industriel peut espérer faire, compte tenu des efforts du passé, se situe autour de 5,5 %.

Afin d’améliorer les chances d’atteindre l’objectif de 37,5 %, le CPEQ suggère à Québec de retourner aux entreprises « un pourcentage important » de l’argent versé au Fonds vert « afin qu’elles modernisent leurs procédés et leurs équipements et puissent entreprendre des projets majeurs d’efficacité énergétique ». De plus, il recommande l’élaboration de nouveaux protocoles de crédits compensatoires pour des projets de diminution de GES.

L’aluminium

L’argument de l’effort déjà consenti sera soumis aujourd’hui par un autre groupe, soit l’Association de l’aluminium du Canada (AAC), également membre du CPEQ.

« L’AAC appuie la lutte contre les changements climatiques et rappelle à la Commission que l’industrie de l’aluminium a déjà apporté une contribution exceptionnelle au bilan québécois », écrit le groupe dans son mémoire, qui sera déposé aujourd’hui. En gros, la fabrication d’aluminium qui repose sur l’hydroélectricité possède la plus faible empreinte carbone du monde.

« Par rapport à l’année de référence 1990, l’industrie de l’aluminium a doublé sa production tout en diminuant de 30 % ses émissions totales en tonnes de CO2 équivalent, réduisant ainsi l’intensité de ses émissions de 67 %,a écrit l’Association. Pendant ce temps, les émissions dans le secteur des transports ont augmenté de 32,4 %. » L’Association recommande notamment que l’aluminium soit mis à profit dans le secteur du transport, afin d’alléger le poids des véhicules.

L’AAC souhaite également que le gouvernement Couillard dise dès maintenant ce qui arrivera au système de plafonnement et d’échange des droits d’émissions après 2020, car les entreprises désireuses d’investir dans leurs activités veulent le maximum de prévisibilité.

De son côté, l’Association pétrolière et gazière du Québec, qui devait présenter son mémoire mardi soir, plaide entre autres pour une production locale afin de minimiser les émissions associées au transport des hydrocarbures.

Les audiences de la Commission des transports et de l’environnement se poursuivent aujourd’hui et prennent fin demain.

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