Les coupes ont touché les plus vulnérables, admet Couillard

Les personnes les plus vulnérables de la société ont fait les frais des coupes budgétaires au fil de la dernière année et demie, a admis le premier ministre Philippe Couillard. Les « compressions difficiles » imposées par l’équipe libérale, notamment en santé et en éducation, n’en étaient pas moins nécessaires afin d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2015-2016, selon lui.

« Il faut garder le cap », a-t-il déclaré mardi, appelant du même souffle les personnes vulnérables à « reconnaître dans le gouvernement leur allié ». « Des services sociaux de solidarité bâtis sur la carte de crédit, la dette et les déficits, ça ne tient pas », a-t-il insisté lors de la période de questions.

Cela dit, M. Couillard a commandé à son ministre de l’Éducation, François Blais, d’assurer la survie du réseau des instances régionales de concertation (IRC) sur la persévérance scolaire et la réussite éducative afin d’apaiser la grogne suscitée par les coupes dans les mesures d’aide aux élèves. Le député péquiste Alexandre Cloutier s’est réjoui de cette « volte-face » du gouvernement libéral. « Le temps presse. Au moment où l’on se parle, près de la moitié des organismes ont déjà fermé leurs portes, tandis que les autres ont effectué d’importantes réductions de leur effectif », a-t-il fait valoir.

De son côté, le chef péquiste, Pierre Karl Péladeau, a pressé M. Couillard de poser un autre geste de « compassion », soit celui d’ordonner la réintégration dans les écoles spécialisées des élèves autistes, qui ont été expulsés en raison d’un manque de ressources.

Sophie Bellemare, mère d’un garçon de 10 ans autiste non verbal avec une déficience intellectuelle, assistait à l’échange dans les tribunes du Salon bleu. Son fils, Benjamin, a été suspendu, pour des questions comptables, d’une école où il avait l’aide d’une éducatrice spécialisée, d’une psychologue, d’une ergothérapeute ainsi que d’une orthophoniste, a-t-elle déploré mardi. « Cette décision a complètement bouleversé notre quotidien et a eu de graves conséquences sur notre famille. »

À ses côtés, le député péquiste Jean-François Lisée a accusé le premier ministre d’avoir « perdu le contrôle de ses compressions » et d’avoir « forcé les administrations à trouver des artifices pour rester dans la légalité sans être dans l’humanité ». L’État ne dérogeait pas à la loi en astreignant Benjamin à l’école à la maison aussi longtemps qu’il lui offrait cinq heures de scolarisation, a-t-il illustré.

« Jour après jour, c’est des coupes dans les ressources spécialisées, donc pour les plus vulnérables, dans l’aide aux devoirs, dans l’achat de livres, dans la lutte contre le décrochage. C’est inacceptable », s’est impatienté le chef caquiste, François Legault.

La porte-parole solidaire, Françoise David, a pour sa part invité le gouvernement libéral à renoncer aux coupes en éducation, quitte à « puiser l’argent nécessaire dans le Fonds des générations » pour parvenir au déficit zéro cette année.

Après cette « période de rigueur budgétaire », le gouvernement libéral effectuera des « investissements plus importants », a promis M. Couillard.

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