Lettres: Un rempart à l'iniquité
Le gouvernement Charest dévoile enfin ses cartes et la sous-traitance devient son cheval de bataille. L'article 45 du Code du travail constitue le principal obstacle à la «cure minceur» de l'État préconisée par le Parti libéral du Québec et à l'application des baisses d'impôts promises lors des élections.
Mais a-t-il escompté les répercussions de cette réforme et devons-nous faire confiance en une équipe gouvernementale si peu expérimentée afin de redéfinir les rapports sociaux dans la société?L'article 45 demeure un outil de développement social et un rempart à l'iniquité économique.
Le diluer ou l'assouplir ne peut qu'affaiblir les avantages sociaux des travailleurs, tant dans le domaine public que privé, et abaisserait le salaire moyen dans la province. En fait, la réduction du gouvernement par la sous-traitance engendrerait un déclin de l'influence des grandes centrales syndicales et affecterait négativement, par ricochet, les travailleurs syndiqués du domaine privé. Les employeurs n'auraient alors que peu de résistance syndicale et pourraient ainsi imposer plus facilement des salaires moindres. De plus, les emplois créés par sous-traitance au gouvernement offriront des rémunérations beaucoup moins élevées avec peu d'avantages sociaux.
La réforme du Code du travail est une aventure hasardeuse pour la société québécoise. Le grand patron y voit une occasion en or de maximiser ses profits et le travailleur québécois y espère une réduction des impôts subséquente. Cependant, le coût social risque d'être élevé. L'écart entre riches et pauvres va sûrement s'accroître, les services publics perdront en qualité, les tensions sociales vont augmenter et, finalement, les revenus supplémentaires octroyés à la suite de baisses d'impôts s'annuleront ironiquement avec les réductions du salaire moyen du travailleur québécois. Ce que le gouvernement Charest donnera d'une main, il le reprendra de l'autre.