Mines: Charest veut plus de transformation au Québec

Havre-Saint-Pierre — Le premier ministre Jean Charest souhaite que plus d'entreprises minières qui exploitent le sous-sol québécois choisissent de transformer la ressource minérale en produit à plus forte valeur ajoutée sans quitter la province, contrairement à ce que font actuellement la majorité des joueurs du secteur. Mais le gouvernement n'a pas de plan concret pour inciter les sociétés à investir ici dans une deuxième, voire une troisième transformation des ressources naturelles non renouvelables.

«Nous voulons davantage de transformation au Québec. Évidemment, là où il y aura des projets de transformation, il y aura un appui plus important du gouvernement du Québec», a-t-il dit hier au cours d'un point de presse donné à l'occasion d'une annonce d'investissements de 800 millions de dollars de la part de Rio Tinto, fer et titane (RTFT).

Il a d'ailleurs cité Rio Tinto en exemple. L'entreprise extrait de l'ilménite d'une mine située au nord de Havre-Saint-Pierre. Il s'agit d'ailleurs du plus important gisement au monde. Le minerai sorti de terre est ensuite acheminé à un complexe métallurgique situé à Sorel-Tracy, où il est transformé pour entrer notamment dans la fabrication de fonte, d'acier et de poutres métalliques.

La mine, qui emploie près de 300 personnes, devait en théorie fermer ses portes d'ici 2025. Mais RTFT a annoncé hier qu'elle exploitera une nouvelle portion du gisement, un investissement de 200 millions qui prolongera la vie de la mine jusqu'en 2050. Cette annonce permet aussi de consolider les 1700 emplois de l'usine de Sorel-Tracy, où on investira 600 millions pour moderniser la production. La preuve, donc, que le fait d'ajouter des étapes de transformation des ressources minérales permet de créer plus d'emplois et de bonifier les retombées économiques.

Mais si M. Charest a répété que l'exemple de Rio Tinto illustrait bien le type de développement économique souhaité avec le Plan Nord, il ne s'est pas engagé à mettre en avant un plan concret pour inciter les minières à transformer la ressource au Québec. «Chaque projet reçoit un traitement individuel, chaque cas est un cas d'espèce, a-t-il mentionné. On encourage ceux qui font des investissements en matière de transformation ici. Chaque projet sera jugé au cas par cas.» Il a aussi fait valoir que, dans le secteur minier, «il y a une dimension d'exportation qui est incontournable. Les marchés sont à l'extérieur, comme en Chine, en Inde ou en Europe».

Le premier ministre, qui doit bientôt partir en mission internationale pour «vendre» le Plan Nord à des investisseurs étrangers, entend toutefois faire valoir les forces du Québec: la qualité de la main-d'oeuvre, l'accès à de l'énergie «propre et renouvelable» et l'accès à des marchés. «Voilà ce que ça donne si vous décidez d'investir au Québec et de faire de la transformation au Québec», a-t-il lancé. Le président de RTFT, Dominique Bouchard, a d'ailleurs soutenu que la mise en place du «chantier d'une génération» a pesé dans la balance quand est venu le temps de convaincre les dirigeants de la multinationale d'injecter 800 millions dans leurs installations québécoises.

Reste que, pour le moment, certains des gros projets qui devraient être lancés au cours des prochaines années sont surtout tournés vers l'exportation directe de la matière brute. Dans le cas du mégaprojet de mine de fer piloté par l'indienne Tata Steel près de Schefferville — où on pourrait extraire une valeur brute de 4,4 milliards de dollars par année —, la ressource devrait quitter rapidement le territoire pour être transformée ailleurs dans le monde. Quant à la mine de diamants de Stornoway Diamond Corporation, les pierres seront exportées à l'état brut. D'autres projets n'ont pas encore fait connaître leurs intentions.

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