Lettres: L'illusion du biocarburant
Le pétrole fossile va manquer d'ici 45 ans, selon Jean-Marie Chevalier, professeur à l'université Paris-Dauphine où il dirige le Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières. Alors, on se tourne vers la recherche de sources équivalentes de carburants au lieu d'investir dans le développement d'énergies propres et renouvelables.
Pis encore. Une compagnie de recherche forestière du Québec, FPInnovations, travaille sur un procédé qui transformerait la matière ligneuse en carburant raffinable, comme si la forêt québécoise n'était pas déjà assez délabrée. Pourtant, on annonce clairement au Québec que les coupes de qualité se font de plus en plus rares, particulièrement pour les feuillus, et le forestier en chef a imposé une réduction de l'exploitation pouvant atteindre 33 % dans certaines régions pour les cinq prochaines années. Tant qu'à tout raser le Québec, allons-y jusqu'au bout.Si le biocarburant prend de l'ampleur, la déforestation planétaire s'accentuera, l'érosion s'aggravera emportant avec elle un nombre croissant de terres arables et l'eau douce, déjà considérée comme une ressource en danger sur l'ensemble du globe, se fera de plus en plus rarissime au détriment des démunis du globe, car il faut 4000 litres d'eau pour créer un litre de bioéthanol. Par ailleurs, les prix des produits agricoles exploseront, tout comme celui de l'eau, rendant ainsi de plus en plus inaccessibles ces ressources pour une grande partie de l'humanité souffrant de la famine.
Les biocarburants sont peut-être moins polluants, mais les impacts écologiques résultants de leur production n'en font pas une solution viable à long terme, car elle est trop coûteuse en ressources naturelles.