Pékin plaide pour une réponse mesurée

New York — Les États-Unis espéraient hier faire adopter aujourd'hui une résolution du Conseil de sécurité sur la Corée du Nord, mais la Chine et la Russie, invoquant des divergences persistantes, se sont montrées réticentes à un vote sur des sanctions envers la Corée du Nord, souhaité par les autres membres permanents du Conseil de sécurité et le Japon.
Lors de nouveaux débats au Conseil de sécurité, l'ambassadeur des États-Unis, John Bolton, a soumis à ses 14 homologues une version amendée d'un projet de résolution visant à sanctionner Pyongyang pour son essai nucléaire de lundi. Ce texte est désormais coparrainé par la France, la Grande-Bretagne, le Japon et la Slovaquie, a indiqué l'ambassadeur du Japon, Kenzo Oshima, précisant que tous souhaitaient le voir adopter dès aujourd'hui.Mais les ambassadeurs chinois et russe, Wang Guangya et Vitaly Tchourkine, ont émis des doutes à ce sujet, faisant état de problèmes sur plusieurs aspects du texte.
Quatre jours après l'annonce lundi par la Corée du Nord de son premier essai nucléaire, les regards restent tournés vers la Chine, considérée comme le pays ayant le plus de moyens de pression sur l'imprévisible régime communiste.
À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao, a souligné hier que la réponse des Nations unies à l'essai nucléaire annoncé par Pyongyang ne devait pas avoir pour objectif de punir. Mais «il est nécessaire de faire savoir clairement à la Corée du Nord que l'essai nucléaire est une mauvaise pratique», a-t-il insisté, «et que la communauté internationale y est opposée».
La Chine a d'ailleurs dépêché hier un diplomate de haut rang à Washington pour plaider en faveur de sanctions mesurées en réponse à l'essai nucléaire auquel la Corée du Nord a dit avoir procédé lundi.
Tang Jiaxuan, conseiller d'État et ancien ministre des Affaires étrangères, s'est entretenu avec le président George W. Bush, la secrétaire d'État Condoleezza Rice et le conseiller national à la sécurité Stephen Hadley. «Nous travaillons avec nos alliés chinois à un moyen d'aller de l'avant», a déclaré sans plus de précision Frederick Jones, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
Pékin avait auparavant jugé que les sanctions ne devaient pas punir Pyongyang mais promouvoir un règlement pacifique de la crise.
Pékin s'oppose notamment à l'inspection des marchandises à destination et en provenance de la Corée du Nord pour y détecter d'éventuels armements non conventionnels et récuse l'invocation du chapitre VII de la Charte des Nations unies, qui ouvre la voie à un possible recours à la force.
Le projet américain prône en outre un embargo sur les livraisons d'armes et sur les produits de luxe, de même que le gel des avoirs des personnes physiques et morales liées aux programmes nucléaires et balistiques nord-coréens.
Le Japon
Le Japon milite quant à lui pour une résolution bien plus dure contre la Corée du Nord, qui interdirait l'entrée des ports étrangers à ses navires et celle des aéroports à ses avions.
Sans attendre une résolution onusienne, le Parti libéral-démocrate (LPD), au pouvoir, a approuvé hier une série de mesures contre le régime de Kim Jong-il, y compris un embargo total sur les importations nord-coréennes et l'interdiction des eaux territoriales japonaises aux navires nord-coréens.
La Corée du Nord, quant à elle, n'a pas changé de ton, menaçant le Japon s'il met en oeuvre de nouvelles sanctions, qui devraient entrer en vigueur aujourd'hui. «Nous prendrons des contre-mesures fortes», a prévenu Song Il-ho, ambassadeur de Corée du Nord chargé de la normalisation des relations avec Tokyo, cité par l'agence nippone Kyodo. «Le contenu précis vous apparaîtra si vous êtes attentifs. Nous ne prononçons jamais de paroles en l'air», a-t-il ajouté.
Pyongyang a aussi mis en garde les États-Unis. «Si les États-Unis augmentent la pression sur la Corée du Nord, persistent à lui nuire, elle continuera à prendre des ripostes physiques, considérant cela comme une déclaration de guerre», a déclaré Ri Kyong-son, porte-parole adjoint du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
Depuis que la Corée du Nord a annoncé avoir procédé à son premier essai nucléaire, pas un jour ne passe sans que les médias japonais ou sud-coréens annoncent que Pyongyang prépare une autre explosion. Hier, le journal sud-coréen Munhwa Ilbo citait une source «très versée dans les affaires nord-coréennes», selon laquelle un second test pourrait avoir lieu dans deux ou trois jours.
De leur côté, les scientifiques peinent toujours à confirmer le premier essai et sa réussite proclamée. La Corée du Sud, qui pouvait craindre d'être touchée par la radioactivité, n'a encore détecté aucun niveau anormal dans l'air, selon Han Seung-jae, un responsable de l'Institut de sécurité nucléaire sud-coréen. «Il y avait peu de chances que la radioactivité soit propagée vers le sud car le vent soufflait vers le nord et l'est ces derniers jours», a-t-il précisé.
Côté japonais, «aucun signe d'augmentation des niveaux de radiation, dans l'air ou au sol», n'a été détecté, a expliqué hier un responsable gouvernemental, Hiroshi Tsuboi. L'aviation nippone cherche des traces de radiations dans l'atmosphère mais n'a rien trouvé d'anormal.
Agence France-Presse,
Reuters et Associated PressPékin plaide pour une réponse mesurée
La Chine et la Russie se montrent réticentes à un vote sur des sanctions contre la Corée du Nord
New York — Les États-Unis espéraient hier faire adopter aujourd'hui une résolution du Conseil de sécurité sur la Corée du Nord, mais la Chine et la Russie, invoquant des divergences persistantes, se sont montrées réticentes à un vote sur des sanctions envers la Corée du Nord, souhaité par les autres membres permanents du Conseil de sécurité et le Japon.
Lors de nouveaux débats au Conseil de sécurité, l'ambassadeur des États-Unis, John Bolton, a soumis à ses 14 homologues une version amendée d'un projet de résolution visant à sanctionner Pyongyang pour son essai nucléaire de lundi. Ce texte est désormais coparrainé par la France, la Grande-Bretagne, le Japon et la Slovaquie, a indiqué l'ambassadeur du Japon, Kenzo Oshima, précisant que tous souhaitaient le voir adopter dès aujourd'hui.
Mais les ambassadeurs chinois et russe, Wang Guangya et Vitaly Tchourkine, ont émis des doutes à ce sujet, faisant état de problèmes sur plusieurs aspects du texte.
Quatre jours après l'annonce lundi par la Corée du Nord de son premier essai nucléaire, les regards restent tournés vers la Chine, considérée comme le pays ayant le plus de moyens de pression sur l'imprévisible régime communiste.
À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao, a souligné hier que la réponse des Nations unies à l'essai nucléaire annoncé par Pyongyang ne devait pas avoir pour objectif de punir. Mais «il est nécessaire de faire savoir clairement à la Corée du Nord que l'essai nucléaire est une mauvaise pratique», a-t-il insisté, «et que la communauté internationale y est opposée».
La Chine a d'ailleurs dépêché hier un diplomate de
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haut rang à Washington pour plaider en faveur de sanctions mesurées en réponse à l'essai nucléaire auquel la Corée du Nord a dit avoir procédé lundi.
Tang Jiaxuan, conseiller d'État et ancien ministre des Affaires étrangères, s'est entretenu avec le président George W. Bush, la secrétaire d'État Condoleezza Rice et le conseiller national à la sécurité Stephen Hadley. «Nous travaillons avec nos alliés chinois à un moyen d'aller de l'avant», a déclaré sans plus de précision Frederick Jones, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
Pékin avait auparavant jugé que les sanctions ne devaient pas punir Pyongyang mais promouvoir un règlement pacifique de la crise.
Pékin s'oppose notamment à l'inspection des marchandises à destination et en provenance de la Corée du Nord pour y détecter d'éventuels armements non conventionnels et récuse l'invocation du chapitre VII de la Charte des Nations unies, qui ouvre la voie à un possible recours à la force.
Le projet américain prône en outre un embargo sur les livraisons d'armes et sur les produits de luxe, de même que le gel des avoirs des personnes physiques et morales liées aux programmes nucléaires et balistiques nord-coréens.
Le Japon
Le Japon milite quant à lui pour une résolution bien plus dure contre la Corée du Nord, qui interdirait l'entrée des ports étrangers à ses navires et celle des aéroports à ses avions.
Sans attendre une résolution onusienne, le Parti libéral-démocrate (LPD), au pouvoir, a approuvé hier une série de mesures contre le régime de Kim Jong-il, y compris un embargo total sur les importations nord-coréennes et l'interdiction des eaux territoriales japonaises aux navires nord-coréens.
La Corée du Nord, quant à elle, n'a pas changé de ton, menaçant le Japon s'il met en oeuvre de nouvelles sanctions, qui devraient entrer en vigueur aujourd'hui. «Nous prendrons des contre-mesures fortes», a prévenu Song Il-ho, ambassadeur de Corée du Nord chargé de la normalisation des relations avec Tokyo, cité par l'agence nippone Kyodo. «Le contenu précis vous apparaîtra si vous êtes attentifs. Nous ne prononçons jamais de paroles en l'air», a-t-il ajouté.
Pyongyang a aussi mis en garde les États-Unis. «Si les États-Unis augmentent la pression sur la Corée du Nord, persistent à lui nuire, elle continuera à prendre des ripostes physiques, considérant cela comme une déclaration de guerre», a déclaré Ri Kyong-son, porte-parole adjoint du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
Depuis que la Corée du Nord a annoncé avoir procédé à son premier essai nucléaire, pas un jour ne passe sans que les médias japonais ou sud-coréens annoncent que Pyongyang prépare une autre explosion. Hier, le journal sud-coréen Munhwa Ilbo citait une source «très versée dans les affaires nord-coréennes», selon laquelle un second test pourrait avoir lieu dans deux ou trois jours.
De leur côté, les scientifiques peinent toujours à confirmer le premier essai et sa réussite proclamée. La Corée du Sud, qui pouvait craindre d'être touchée par la radioactivité, n'a encore détecté aucun niveau anormal dans l'air, selon Han Seung-jae, un responsable de l'Institut de sécurité nucléaire sud-coréen. «Il y avait peu de chances que la radioactivité soit propagée vers le sud car le vent soufflait vers le nord et l'est ces derniers jours», a-t-il précisé.
Côté japonais, «aucun signe d'augmentation des niveaux de radiation, dans l'air ou au sol», n'a été détecté, a expliqué hier un responsable gouvernemental, Hiroshi Tsuboi. L'aviation nippone cherche des traces de radiations dans l'atmosphère mais n'a rien trouvé d'anormal.