Chiens et chats peuvent propager la tuberculose

«Lorsqu’une personne découvre qu’elle est atteinte de tuberculose, on lui recommande généralement de sacrifier son animal de compagnie»
Photo: «Lorsqu’une personne découvre qu’elle est atteinte de tuberculose, on lui recommande généralement de sacrifier son animal de compagnie»

La transmission des bacilles de la tuberculose des humains aux animaux domestiques et, inversement, des animaux aux humains est possible et devrait être considérée plus sérieusement par les responsables de santé publique, a affirmé Claude Turcotte, secrétaire de la section scientifique de l'Union internationale de la tuberculose et des maladies pulmonaires (IUATLD), dans le cadre du congrès annuel de l'association qui se déroule actuellement à Montréal.

Bien qu'ils ne figurent pas parmi les espèces animales les plus vulnérables aux infections engendrées par les micro-organismes (Mycobacterium tuberculosis et M. bovis) responsables de la tuberculose pulmonaire chez l'humain, les chiens et les chats sont néanmoins susceptibles de contracter ces bactéries par l'intermédiaire d'un humain (M. tuberculosis), d'un autre animal de la ferme (M. bovis) ou carrément dans l'environnement. «C'est un phénomène qui n'est pas rapporté très fréquemment compte tenu des programmes d'éradication de la maladie et de l'avènement des antibiotiques, précise Mme Turcotte. Mais il y a lieu de se préoccuper de la possibilité qu'un humain infecté par un micro-organisme tuberculeux résistant aux antibiotiques qui entretient un contact très étroit avec son chien ou son chat communique la maladie à son animal.»

«Ce qui est inquiétant, c'est que cette bête pourrait ensuite devenir un véhicule de la bactérie et contaminer les autres humains qui vivent dans son entourage», relève-t-elle avant de préciser que cette probabilité est faible mais qu'elle mérite d'être évaluée plus précisément par les agences de santé publique.

Claude Turcotte souligne notamment que, compte tenu de leur grande vulnérabilité aux infections tuberculeuses, les sidéens devraient se méfier des pathogènes que peuvent véhiculer leur animal de compagnie. Immunodéprimés (dont les défenses immunitaires sont amoindries), les sidéens sont en effet davantage susceptibles de contracter une tuberculose engendrée par des micro-organismes opportunistes — qui sont combattus efficacement et éliminés par les personnes saines mais qui provoquent une maladie grave chez les individus dont l'état de santé est précaire. Or certaines de ces bactéries opportunistes sont présentes dans l'environnement, notamment dans l'eau, le bran de scie ou les excréments d'oiseaux sauvages, autant de matières dans lesquelles un chien pourra se vautrer.

«Si un immunodéprimé possède un animal qui présente une plaie suppurante à la suite d'une morsure, il faudrait établir des mesures d'hygiène entre les deux afin d'éviter que l'un infecte l'autre, prévient Claude Turcotte. Si le propriétaire de l'animal est en bonne santé, il n'y a toutefois aucun danger.»

Par ailleurs, si un sidéen souffre d'une tuberculose pulmonaire en pleine expansion alors qu'il vit en symbiose avec son animal de compagnie, il pourra contaminer ce dernier, ajoute la conférencière. Et une fois infecté, l'animal pourra à son tour transmettre la bactérie à d'autres humains. «C'est pourquoi l'enquête épidémiologique devrait se pencher sur cette possibilité», insiste-t-elle.

Bien que la tuberculose se transmette principalement entre humains, Claude Turcotte a voulu attirer l'attention sur l'éventualité que certaines personnes atteintes de tuberculose contaminent leur petit «compagnon de vie», qui deviendrait ainsi une source de dissémination des dangereux bacilles.

Elle affirme par ailleurs que le seul moyen de prévenir de telles transmissions consiste à éviter tout contact entre les animaux et les individus infectés. «Lorsqu'une personne découvre qu'elle est atteinte de tuberculose, on lui recommande généralement de sacrifier son animal de compagnie car, même si celui-ci ne présente pas de symptômes, il peut néanmoins être infecté. Au tout début d'une infection tuberculeuse, les symptômes sont généralement absents. Toutefois, l'animal infecté peut développer la maladie beaucoup plus tard, voire des années plus tard, précise-t-elle. Et alors devenir contagieux tandis qu'on ne s'en souciait plus.»

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