Lettres: Le paradoxe conservateur
Malgré son succès étonnant, le parti de Stephen Harper demeure un paradoxe dépassant toute explication au Québec.
Un quart des électeurs québécois seraient prêts à voter pour les conservateurs, ce parti qui était pourtant considéré comme mort et enterré dans la province. Cela apparaît encore plus incompréhensible à la lumière de l'impopularité des mesures conservatrices du gouvernement Charest, un ancien chef conservateur, et de la chute dans les intentions de vote du parti de droite de Mario Dumont au niveau provincial.Un autre aspect problématique est le succès soudain de l'image d'honnêteté des conservateurs qui contraste avec les nombreux scandales du dernier gouvernement conservateur. L'affaire Oerlikon et Stevens Sinclair, pour ne nommer que ceux-là, nous rappellent que les conservateurs, avec leurs liens étroits avec les élites économiques et financières, ne sont pas à l'abri de la corruption et du favoritisme. Sous un certain angle, le double mandat de Mulroney a connu plus de scandales et de conflits d'intérêts que les libéraux de Chrétien et Martin en 12 ans de pouvoir.
Les conservateurs ont réussi leur pari. Après une suite de révélations désastreuses concernant l'intégrité des libéraux en fin de campagne, tout est en place pour la prise du pouvoir. Il faut dire que les conservateurs ont bien travaillé l'image d'intégrité de leur chef tout en occultant le programme souvent critiqué du parti. Ils ont braqué les projecteurs sur la personne de Harper en donnant un rôle secondaire aux autres candidats conservateurs, qui, parfois, dérangent par leurs discours. La débâcle des libéraux et l'usure du pouvoir semblent avoir donner une nouvelle vie au Parti conservateur, qui avait été pratiquement rayé de la carte électoral en 1993.