Pluie de promesses d’aide internationale pour la Syrie et la Turquie

Les donateurs étrangers se sont engagés lundi à Bruxelles à venir en aide aux populations de la Turquie et de la Syrie affectées par le séisme du 6 février, qui a fait plus de 56 000 morts.
« Les engagements s’élèvent au total aujourd’hui à 7 milliards d’euros », a déclaré le premier ministre suédois, Ulf Kristersson, dont le pays assure la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne, à l’issue d’une conférence internationale des donateurs organisée à Bruxelles.
Sur ces 7 milliards d’euros (10,3 milliards de dollars canadiens), quelque 950 millions (1,4 milliard $CA) vont à la population syrienne, a détaillé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La majorité des promesses d’aide sont dirigées vers la Turquie, où le bilan du séisme a été le plus lourd.
Mme von der Leyen s’est félicitée « d’un bon jour pour la solidarité internationale », mais a souligné que la conférence, à laquelle participaient plus de 60 délégations, « n’était qu’un début ». « Nous avons beaucoup de travail devant nous », a-t-elle reconnu, ajoutant qu’une conférence des donateurs réservée à la population syrienne se tiendrait à Bruxelles les 14 et 15 juin.
Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement, a jugé que le résultat de la conférence constituait « un grand pas en avant ». « Mais nous avons encore un long chemin à parcourir », a-t-il souligné.
Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a en effet estimé à presque 100 milliards d’euros (150 milliards de dollars canadiens) le coût total des dégâts dans son pays. « Il est impossible pour un pays de lutter seul contre une catastrophe de cette ampleur », a-t-il soutenu par vidéoconférence.
En Syrie, le coût des réparations d’urgence a été estimé par l’ONU à 13,8 milliards d’euros (19,5 milliards $CA).
Des millions de personnes ont vu leurs logements être détruits dans la zone affectée par le séisme, dans le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie, où vit une importante population déplacée par le conflit syrien.
Aides européennes à la Turquie
L’Allemagne a annoncé qu’elle doublait son aide aux victimes du séisme, à 240 millions d’euros. La France a indiqué qu’elle ajoutait 12 millions à la trentaine de millions déjà annoncés pour les deux pays touchés.
La secousse de magnitude 7,8, suivie d’une autre neuf heures plus tard, a fait 50 096 morts en Turquie, selon le dernier bilan des autorités. En outre, 5954 personnes ont aussi perdu la vie en Syrie, selon une compilation effectuée par l’Agence France-Presse.
Recep Tayyip Erdoğan, candidat à sa propre succession le 14 mai, a promis une reconstruction au pas de charge, « en un an ».
Même si les relations sont souvent tendues, la Turquie est un partenaire clé pour l’Union européenne, qui a versé de larges montants à ce pays pour l’aider à faire face à l’arrivée de réfugiés syriens. « Nous accueillons quatre millions de réfugiés, dont 3,5 millions de Syriens. Alors que nous pansons nos plaies, nous sommes solidaires du peuple syrien, qui a également été touché par le tremblement de terre », a déclaré M. Erdoğan.
Le régime de Damas exclu
En revanche, le gouvernement du président syrien, Bachar al-Assad, sanctionné par les Occidentaux depuis la répression en 2011 du soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile, n’est pas associé à la conférence. Ce qu’a « déploré » le ministère syrien des Affaires étrangères par communiqué.
Si l’aide internationale a rapidement été acheminée en Turquie après le séisme, les organisations humanitaires ont dû surmonter d’importantes difficultés pour apporter du soutien à la population syrienne, en particulier dans la zone rebelle d’Idlib, dans le nord-ouest du pays. Depuis, l’Union européenne et les États-Unis ont allégé les sanctions imposées à la Syrie, et Damas a accepté d’autoriser l’ONU à ouvrir deux autres passages frontaliers pour faciliter l’acheminement de l’aide.
« Que ce soit clair, l’Union européenne ne travaille pas avec le régime d’Assad. Mais nous soutenons toujours les populations dans le besoin », a souligné Mme von der Leyen, ajoutant que l’aide se faisait par le biais d’organisations humanitaires partenaires.
La Russie, alliée principale de Damas, était exclue de la conférence des donateurs de Bruxelles en raison de la guerre menée en Ukraine.