11 000 milliards pour les guerres au Moyen-Orient

Un soldat irakien photographié à proximité d'un char de l'armée irakienne détruit lors de l'invasion menée par les États-Unis à Bassorah le 9 avril 2009
Photo: Nabil al-Jurani The Associated Press Un soldat irakien photographié à proximité d'un char de l'armée irakienne détruit lors de l'invasion menée par les États-Unis à Bassorah le 9 avril 2009

La guerre en Irak déclenchée il y a tout juste 20 ans, le 20 mars 2003, a déjà coûté 1700 milliards de leurs dollars aux États-Unis. Il faudra ajouter 500 milliards pour les services aux vétérans d’ici 2050.

Le conflit irakien poursuivait celui commencé en Afghanistan après le 11 septembre 2001. Au total, les interventions militaires américaines dans la région depuis plus de vingt ans ont déjà coûté près de 6000 milliards à Washington et donc aux Américains. Il faudra en rajouter encore 2000 milliards pour couvrir les services aux anciens soldats.

En dollars canadiens, ces guerres auront donc engagé plus de 11 000 milliards d’ici le milieu du siècle. On répète : onze mille milliards. C’est à peu près autant que ce qu’a entraîné la pandémie de la COVID-19 en pertes cumulées par l’économie mondiale en 2021.

Ces bilans avec projections rationnelles sont proposés par le projet Cost of War du Watson Institute for International and Public Affairs rattaché à l’Université Brown du Rhode Island. Les estimations de dépenses comprennent 2,1 milliards $US du ministère de la Défense, 1,1 milliard pour le remboursement des emprunts et encore autant pour les mesures contreterroristes du ministère de la Sécurité intérieure.

Le bilan de la guerre en Irak diffusé la semaine dernière a été préparé par une trentaine d’experts et d’universitaires. Au moment du retrait des dernières troupes étrangères en Afghanistan en septembre 2021, un autre bilan, cette fois pour l’ensemble des guerres américaines au Moyen-Orient, faisait état de 900 000 morts et de 10 000 milliards de dollars dépensés. Les différents conflits en Afghanistan, en Irak et en Syrie ont créé environ 38 millions de réfugiés.

L’occupation anglo-américaine de l’Irak a atteint son sommet en 2007, avec la présence de 170 000 soldats américains. La guerre a aussi beaucoup été menée par des compagnies privées et des mercenaires sous contrat avec le Pentagone.

Une invasion basée sur des preuves trafiquées

La guerre déclenchée contre le pays dirigé par le dictateur Saddam Hussein avait été justifiée par des preuves trafiquées de la présence d’« armes de destructions massives » et de collusion avec le groupe al-Qaïda, défendues jusqu’au Conseil de sécurité de l’ONU.

Les années d’occupation qui ont suivi ont fait environ 300 000 victimes, des civils, des policiers, des journalistes, des travailleurs humanitaires, selon le bilan du Watson Institute. Il faut y ajouter des destructions totalisant des dizaines de milliards de dollars et le pillage de trésors archéologiques et artistiques d’importance mondiale. Une réaction en chaîne a ensuite amplifié les destructions chez les pays voisins et permis au groupe État islamique de créer un régime d’une barbarie inégalée depuis des décennies dans une histoire moderne qui les accumule pourtant.

Les bilans de l’opération Liberté irakienne (son nom américain) jettent l’effroi. Au moins autant que les conséquences catastrophiques de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Ottawa, alors dirigé par le libéral Jean Chrétien, a refusé de s’engager auprès de Washington et Londres sans l’aval du Conseil de sécurité, seule instance internationale autorisée à légitimer une intervention militaire. Le Canada avait cependant accepté de participer activement à la force internationale d’intervention en Afghanistan après les attaques du 11 septembre 2001.

Dix ans plus tard, en février 2011, près de 3000 soldats canadiens étaient postés en Afghanistan, davantage en proportion de la population du pays que la contribution de l’Italie, de la France ou de l’Allemagne. Au total, 158 soldats canadiens y ont perdu la vie.

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