Plus de 21 700 morts dans les séismes en Turquie et en Syrie

Les séismes qui ont frappé le sud-est de la Turquie et le Nord syrien lundi ont fait plus de 21 700 morts, selon de derniers bilans qui ne cessent d’augmenter. Et jeudi, au quatrième jour après la catastrophe, un premier convoi d’aide est enfin entré dans les zones rebelles du nord-ouest de la Syrie.
Un correspondant de l’AFP a vu six camions entrer en territoire syrien depuis la Turquie par le poste-frontière de Bab al-Hawa. Selon Mazen Allouch, un responsable de l’endroit, il s’agit d’une aide qui était attendue avant les séismes de magnitude 7,8 et 7,5 qui ont dévasté les deux pays voisins. « Elle sera suivie, si Dieu le veut, comme on nous l’a promis, de convois plus importants pour aider notre peuple sinistré », a-t-il ajouté.
À lire aussi
L’Organisation internationale pour les migrations a indiqué dans un communiqué que ce convoi devrait couvrir les besoins d’au moins 5000 personnes. Mercredi, un responsable onusien avait averti que le stock des Nations unies dans le nord-ouest de la Syrie permettait à peine de nourrir 100 000 personnes pendant une semaine.
Le séisme a déjà fait au moins 21 719 morts, selon les derniers bilans officiels, dont 18 342 en Turquie et 3377 en Syrie.
Jeudi soir, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé qu’il était « en route pour la Syrie ». Vingt-trois millions de personnes sont « potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables », estime l’OMS, qui redoute une crise sanitaire encore plus dommageable que le séisme.
Les organisations humanitaires s’inquiètent particulièrement de la propagation du choléra, qui est réapparu dans ce pays déchiré par la guerre civile depuis 2011.
L’envoyé spécial de l’ONU, Geir Pedersen, a d’ailleurs appelé jeudi « à ne pas politiser » l’aide à la Syrie, ajoutant avoir évoqué le sujet avec des représentants des États-Unis et de l’Union européenne. D’autant que, dans les zones rebelles, le séisme complique l’arrivée d’aide : les routes d’accès à Bab al-Hawa, unique point de passage actuellement garanti par l’ONU, restent difficilement praticables.
La Banque mondiale a quant à elle annoncé jeudi qu’elle apportera une aide de 1,78 milliard de dollars à la Turquie. Peu après, Washington a annoncé à son tour une aide de 85 millions de dollars à la Turquie et à la Syrie.
Bientôt deux autres passages
De son côté, la Turquie a annoncé s’employer à ouvrir deux autres passages frontaliers avec la Syrie pour permettre d’acheminer l’aide. « Pour des raisons humanitaires, nous visons aussi l’ouverture des postes-frontière avec les régions sous contrôle du gouvernement » de Damas, a dit le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu.
Des milliers d’habitations sont détruites de part et d’autre de la frontière, et les secouristes poursuivent leurs efforts pour rechercher des rescapés dans les décombres, même si la fenêtre cruciale des 72 premières heures pour retrouver des survivants s’est refermée, la situation étant en outre aggravée par le froid. À Adiyaman, le séisme a piégé dans leur hôtel totalement effondré des adolescents et leurs accompagnateurs, venus de République turque de Chypre du Nord (RTCN, reconnue par la seule Turquie) disputer un tournoi de volley-ball. Selon Nazim Cavusoglu, ministre chypriote-turc de l’Éducation venu sur place, un enseignant et trois parents ont été extraits vivants mercredi soir. « Trente-trois personnes sont toujours piégées », a-t-il confié à l’AFP.

Les conditions météo rendent difficiles les conditions de vie des rescapés. À Gaziantep, dans le sud de la Turquie, les températures ont chuté tôt jeudi à -5 °C.
Dans les camps de tentes du nord de la Syrie, en revanche, les réfugiés avaient conscience d’avoir eu de la chance dans leur malheur. « Le séisme était terrifiant, mais les habitants ont remercié Dieu de vivre sous des tentes après avoir vu ce qui s’est produit autour d’eux », se consolait Fidaa Mohammad, une habitante du camp de Deir Ballout.
Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, en visite dans les zones sinistrées, a esquissé mercredi un mea culpa face à la montée des critiques : « Bien sûr qu’il y a des lacunes, il est impossible d’être préparé à un désastre pareil. »
Ces dernières semaines, les responsables turcs ont émis à plusieurs reprises des mises en garde sur l’usage des réseaux sociaux avant les élections du 14 mai, où M. Erdoğan brigue un nouveau mandat présidentiel après 20 ans au pouvoir.