Des combats perdurent dans la prison en Syrie

Des dizaines de djihadistes étaient encore retranchés jeudi dans une prison en Syrie, dont les forces kurdes ont annoncé avoir repris le contrôle la veille, près d’une semaine après une attaque du groupe État islamique (EI) ayant fait plus de 235 morts.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et fer de lance de la lutte contre le groupe EI en Syrie, avaient déclaré mercredi avoir repris le contrôle total de la prison de Ghwayran à Hassaké, une ville du nord-est du pays, mettant fin à six jours d’intenses combats.
Mais jeudi, de nouveaux affrontements sporadiques au sein de la prison ont émaillé les opérations de ratissage toujours en cours, effectuées par les FDS, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG dont le siège est au Royaume-Uni et qui a un vaste réseau de sources en Syrie.
Douze combattants du groupe EI ont été tués dans ces combats, d’après l’OSDH. Les corps de cinq autres djihadistes ont également été retrouvés, selon l’ONG.
Les opérations de ratissage ont permis de débusquer de 60 à 90 djihadistes encore dissimulés dans une aile de la prison, ont expliqué les FDS, annonçant la reddition d’environ « 3500 membres du groupe EI ».
Pas moins de 173 djihadistes, 55 combattants kurdes et 7 civils ont été tués dans les violences à Hassaké depuis le début de l’attaque contre la prison, le 20 janvier, a affirmé l’OSDH.
Un couvre-feu est en vigueur dans cette ville depuis quatre jours, les forces kurdes — soutenues par une coalition emmenée par les États-Unis — en bloquant tous les accès pour empêcher les djihadistes en fuite de se rendre vers d’autres régions.
Importante offensive
Selon l’OSDH, de 25 à 40 djihadistes étaient terrés dans les sous-sols de la prison, sans nourriture, depuis près d’une semaine. « Une partie d’entre eux ont été tués au cours du raid aérien [mercredi] soir pendant qu’ils tentaient de fuir », a raconté l’ONG.
Le bilan des combats risque encore de s’alourdir, car « le sort de dizaines de personnes est toujours inconnu », avertit-elle, ajoutant que « 120 combattants des FDS et membres de la police ont été transportés à l’hôpital, certains grièvement blessés ».
Le groupe EI a, de son côté, dans un communiqué diffusé sur ses chaînes Telegram, affirmé avoir tué ou blessé huit membres des forces kurdes, « malgré l’annonce des apostats de leur contrôle de la prison ».
L’attaque déclenchée le 20 janvier par le groupe EI contre cette prison, où étaient détenus des milliers de djihadistes, est la plus importante offensive de ce groupe depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019 face aux forces kurdes. L’administration autonome kurde contrôle de vastes régions du nord et du nord-est de la Syrie.
La coalition antidjihadiste menée par les États-Unis effectue des raids aériens visant des membres du groupe EI, en soutien aux forces kurdes.
Depuis jeudi dernier, les affrontements ont poussé à la fuite par un temps glacial environ 45 000 personnes qui vivaient dans les secteurs proches de la prison, d’après l’ONU.
« La reprise de la prison par les forces dirigées par les Kurdes met fin à cette épreuve meurtrière, mais la crise plus large impliquant ces prisonniers est loin d’être terminée », a de son côté rappelé mercredi l’ONG Human Rights Watch.
Les prisonniers qui se sont rendus ont été transférés vers des installations plus sûres, ont assuré les FDS. Les Kurdes réclament en vain depuis des années le rapatriement de quelque 12 000 djihadistes de plus de 50 nationalités — de pays européens, entre autres — détenus sur leur sol.
Mais la plupart des gouvernements occidentaux refusent de rapatrier l’ensemble de leurs citoyens détenus dans les prisons et les camps sous contrôle des Kurdes, se contentant de rapatriements au compte-gouttes.
Des experts voient dans l’assaut djihadiste une étape vers la résurgence du groupe EI, qui s’est replié dans le désert de Syrie après sa défaite dans ce pays.