Nouvelles conquêtes clés pour les talibans

Les talibans, qui enchaînent les conquêtes clés, ont annoncé vendredi la prise de la deuxième ville d’Afghanistan, Kandahar, après s’être rapprochés de Kaboul, où les États-Unis ont décidé de renvoyer des milliers de soldats, officiellement pour évacuer leurs diplomates.
« Kandahar est totalement prise. Les moudjahidine ont atteint la place des Martyrs dans la ville », a tweeté un porte-parole sur un compte officiel des talibans.
Un habitant a confirmé à l’AFP que les forces gouvernementales s’étaient apparemment retirées vers des positions à l’extérieur de Kandahar, capitale de la province méridionale du même nom.
Si sa chute est confirmée, après celles coup sur coup jeudi de la troisième ville du pays, Hérat, dans l’ouest, et Ghazni, à seulement 150 km au sud-ouest de Kaboul, cela ne laisserait plus que la capitale et quelques autres territoires sous contrôle du gouvernement afghan.
En raison de « l’accélération » de cette avancée, Washington a décidé de « réduire encore davantage » sa « présence diplomatique » à Kaboul « dans les prochaines semaines », a annoncé le porte-parole du département d’État Ned Price.
Pour mener à bien cette évacuation de diplomates américains, le Pentagone va déployer 3000 soldats à l’aéroport international de la capitale, a précisé son porte-parole John Kirby. Un millier d’autres seront envoyés au Qatar en soutien technique et logistique, tandis que de 3500 à 4000 seront prépositionnés au Koweït pour faire face à une éventuelle dégradation de la situation.
En tout, ce sont donc près de 8000 militaires américains qui sont remobilisés, et ce, en plein retrait total d’Afghanistan des troupes des États-Unis et de la coalition internationale, qui doit prendre fin le 31 août au plus tard. « Il ne s’agit pas d’un réengagement militaire dans le conflit », a assuré la diplomatie américaine, tandis que le Pentagone a également affirmé qu’il n’utiliserait pas cet aéroport pour des frappes contre les talibans.
Ces évacuations surviennent alors que les rebelles, sourds aux avertissements diplomatiques des États-Unis et de la communauté internationale, continuent d’avancer à un rythme effréné.
Trois jours de réunions internationales à Doha, au Qatar, se sont en effet achevés jeudi sans avancée significative. Dans une déclaration commune, les États-Unis, le Pakistan, l’Union européenne et la Chine ont affirmé qu’ils ne reconnaîtraient aucun gouvernement en Afghanistan « imposé par la force ».
Partage du pouvoir
Le gouvernement afghan a toutefois désormais perdu le contrôle de la plupart des territoires du nord, du sud et de l’ouest de l’Afghanistan. En une semaine, les talibans ont pris le contrôle de 13 des 34 capitales provinciales afghanes, et d’autres semblent près de tomber.
Ils risquent donc à ce stade de n’être nullement enclins au compromis, alors que les autorités leur ont proposé en catastrophe, jeudi, « de partager le pouvoir en échange d’un arrêt de la violence », selon un négociateur gouvernemental aux pourparlers de Doha, qui a requis l’anonymat.
Le président afghan, Ashraf Ghani, avait toujours rejeté jusqu’ici les appels à la formation d’un gouvernement provisoire non élu comprenant les talibans. Mais son revirement risque d’être bien tardif. Les talibans avaient hissé leur drapeau au-dessus du siège de la police de Hérat en fin de journée, a rapporté un correspondant de l’AFP, précisant qu’ils n’avaient rencontré aucune résistance.
Plus tôt dans la journée, le gouvernement a reconnu la chute de Ghazni, capitale provinciale la plus proche de Kaboul conquise jusqu’ici par les insurgés depuis qu’ils ont lancé leur offensive début mai, à la faveur du début du retrait international.