Ankara et Istanbul échappent au parti d’Erdogan

La coalition formée par l’AKP et les ultranationalistes du MHP remporte 51,67 % des scrutins selon les résultats partiels.
Photo: Ozan Kose Agence France-Presse La coalition formée par l’AKP et les ultranationalistes du MHP remporte 51,67 % des scrutins selon les résultats partiels.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a essuyé lundi un revers inédit en plus de 15 ans de pouvoir, les résultats partiels des élections municipales tenues la veille indiquant que son parti s’acheminait vers une défaite à Istanbul après avoir déjà perdu Ankara.

Faisant face à une récession économique et à une inflation record, le chef de l’État avait jeté toutes ses forces dans la campagne pour un scrutin local considéré comme un baromètre de sa popularité, tenant jusqu’à huit rassemblements partisans par jour à travers le pays.

Si la coalition de M. Erdogan est arrivée en tête à l’échelle nationale, avec 51 % des voix, l’opposition a remporté Ankara et était en passe d’arracher Istanbul, deux villes que le parti présidentiel AKP et ses prédécesseurs islamistes contrôlaient depuis 25 ans. Refusant de concéder la défaite, l’AKP a annoncé qu’il déposerait des recours auprès des autorités électorales.

À Istanbul, où M. Erdogan a été maire, le candidat de l’opposition, Ekrem Imamoglu, était crédité d’une courte avance sur l’ancien premier ministre Binali Yildirim. Le président du Conseil électoral supérieur (YSK), Sadi Güven, a indiqué lundi que M. Imamoglu devançait M. Yildirim d’environ 28 000 voix, d’après des résultats partiels, une goutte d’eau à l’échelle d’une ville de 15 millions d’habitants. De son côté, l’agence de presse étatique Anadolu créditait lundi M. Imamoglu de 48,79 % des voix contre 48,51 % pour M. Yildirim, après dépouillement de 99 % des urnes.

La crise économique a vraiment fait du mal [aux électeurs du camp d'Erdogan]

Sans attendre les résultats définitifs, M. Imamoglu a mis à jour lundi sa biographie sur Twitter, se présentant comme le « maire de la municipalité métropolitaine d’Istanbul », et ajouté qu’il voulait « commencer le plus vite possible à servir les Stambouliotes ».

M. Yildirim, qui avait revendiqué la victoire dès dimanche soir, a admis lundi que son adversaire « semble avoir reçu 25 000 voix de plus », mais a souligné « que le comptage des voix était toujours en cours ».

Ankara échappe à l’AKP

Quelle que soit l’issue de la bataille d’Istanbul, coeur économique et démographique du pays, M. Erdogan a déjà essuyé un revers cinglant avec la perte de la capitale. Selon Anadolu, le candidat de l’opposition, Mansur Yavas, était en tête avec 50,90 % des voix, contre 47,06 % pour celui de la majorité, Mehmet Özhaseki, après dépouillement de 99 % des urnes.

Ce dernier a déclaré lundi qu’il fallait « respecter la décision des urnes », mais ajouté que son parti était en train de déposer des recours pour contester des « erreurs très évidentes » commises selon lui dans plusieurs bureaux de vote. « Nous verrons dans les jours qui viennent à quel point tout cela va influencer le résultat final », a-t-il ajouté.

L’AKP a appelé lundi à réexaminer la validité des bulletins considérés comme nuls. Selon Anadolu, 290 000 votes sont concernés à Istanbul et 90 000 à Ankara. Les partis ont jusqu’à mardi 10 h (heure locale) pour déposer leurs recours auprès du YSK.

Si la victoire de M. Imamoglu se confirme à Istanbul, l’opposition contrôlera les trois premières villes de Turquie, avec Ankara et Izmir, pour la première fois depuis un quart de siècle.

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