Israël: Nétanyahou dans un cul-de-sac politique

Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, fait face à des choix difficiles après la démission de son ministre de la Défense.
Photo: Abir Sultan Associated Press Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, fait face à des choix difficiles après la démission de son ministre de la Défense.

Provoquer des élections anticipées ou payer le prix pour sauver sa coalition : le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, fait face à des choix difficiles après la démission de son ministre de la Défense, qui a dénoncé le cessez-le-feu conclu à Gaza.

Le sort du gouvernement considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël semble dépendre largement de la décision de M. Nétanyahou d’accéder ou non aux exigences de l’un de ses principaux rivaux, en attribuant à son ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, le portefeuille de la Défense.

« J’ai demandé hier au premier ministre de me confier la fonction de ministre de la Défense avec pour seul objectif qu’Israël recommence à gagner », a dit jeudi M. Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer juif.

L’intervention de M. Bennett a été retransmise en direct par la télévision, tant le pays bascule à nouveau dans une ambiance préélectorale.

Il s’est réclamé de son passé d’officier d’une unité d’élite et de ses succès d’ancien patron dans la haute technologie pour prétendre pouvoir inspirer à nouveau la peur aux ennemis d’Israël avec des tactiques plus offensives et innovantes.

Cependant, il s’est gardé de réitérer l’ultimatum formulé la veille par son parti et de menacer de démissionner, soulevant la question de savoir s’il était prêt à aller jusqu’à retirer le soutien du Foyer juif au gouvernement.

Trêve

 

Ce dernier a été plongé dans la crise mercredi quand Avigdor Lieberman a claqué la porte du ministère de la Défense, au lendemain du cessez-le-feu conclu indirectement par Israël avec le mouvement islamiste Hamas et ses alliés dans la bande de Gaza.

La trêve a mis fin au pire affrontement armé depuis 2014 et éloigné, au moins provisoirement, le spectre d’un quatrième conflit en dix ans dans l’enclave coincée entre Israël, l’Égypte et la Méditerranée.

M. Lieberman, partisan de la manière forte contre le Hamas au pouvoir à Gaza, a dénoncé une « capitulation devant le terrorisme » et appelé à des législatives « le plus tôt possible ».

L’échéance est normalement fixée à novembre 2019, mais depuis des mois flotte un parfum d’élections anticipées.

Avec le retrait du petit parti de M. Lieberman — Israel Beiteinou — de la coalition, M. Nétanyahou ne dispose plus que d’une majorité d’une voix sur 120 au Parlement (Knesset) et doit trancher : prononcer la dissolution, auquel cas les électeurs doivent être appelés aux urnes sous 90 jours, ou tenter de sauver la coalition, au moins pour le moment.

Son parti, le Likoud, a dit mercredi que M. Nétanyahou prendrait le portefeuille de la Défense (en plus de ceux déjà détenus des Affaires étrangères et de la Santé) et que des élections n’étaient pas nécessaires.

Le Foyer juif a signalé qu’il ne lui laissait guère le choix : ce sera la Défense ou les bureaux de vote.

Insatisfaction

 

Pour M. Nétanyahou, le momentum peut être essentiel, et non pas seulement parce qu’il est en passe de battre le record de longévité d’un premier ministre — il est en poste depuis 2009.

Bien qu’il semble toujours sans rival, les événements des derniers mois dans la bande de Gaza semblent avoir écorné sa réputation de meilleur garant de la sécurité du pays. Les Israéliens habitant dans la périphérie de l’enclave palestinienne sont descendus dans la rue pour dénoncer un cessez-le-feu qui les laisse, selon eux, à la merci des prochaines salves palestiniennes.

Un sondage publié jeudi indique que 74 % des personnes interrogées ne sont pas satisfaites de la réponse de M. Nétanyahou au dernier accès de fièvre.

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