Une étudiante américaine interdite d’entrée en Israël en raison de ses convictions politiques

Israël bloque depuis une semaine l’entrée sur son territoire de l’étudiante américaine Lara Alqasem, accusée de soutenir le mouvement de boycottage de l’État hébreu.
Photo: Courtoisie / Famille Alqasem Israël bloque depuis une semaine l’entrée sur son territoire de l’étudiante américaine Lara Alqasem, accusée de soutenir le mouvement de boycottage de l’État hébreu.

Israël bloque depuis une semaine l’entrée sur son territoire d’une étudiante américaine qu’il accuse de soutenir le mouvement propalestinien de boycottage de l’État hébreu.

Lara Alqasem est retenue au centre d’immigration de l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv, mais elle n’est pas arrêtée, a dit à l’AFP la porte-parole de l’Autorité de l’immigration, Sabine Haddad.

« Elle peut rentrer aux États-Unis quand elle le souhaite », a-t-elle précisé.

L’affaire met en lumière une nouvelle loi israélienne controversée. Le texte adopté en 2017 interdit l’entrée en Israël des partisans du mouvement BDS (Boycottage, Désinvestissement, Sanctions), campagne mondiale inspirée de l’exemple sud-africain et appelant au boycottage économique, culturel ou scientifique d’Israël jusqu’à la fin de l’occupation des Territoires palestiniens.

Les détracteurs de la loi la critiquent comme violant la liberté d’expression. Elle a été appliquée à plusieurs reprises. Mais le cas de Lara Alqasem fait partie de ceux qui ont le plus retenu l’attention.

Mme Alqasem a été stoppée le 2 octobre à son arrivée à l’aéroport et empêchée d’entrer en Israël. Selon la presse israélienne, elle arrivait pour étudier pendant un an à l’Université hébraïque de Jérusalem en vue d’une maîtrise en droit de la personne, et disposait d’un visa à cette fin.

Les autorités israéliennes l’accusent de soutenir le boycottage.

Le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a déclaré qu’il envisagerait d’autoriser Lara Alqasem à entrer en Israël si elle dénonçait publiquement le BDS.

« Si Lara Alqasem déclare de sa propre voix, et non par toutes sortes de contorsions de la part des avocats, qu’elle ne croit plus qu’il est légitime de soutenir le BDS et qu’elle regrette ses agissements passés, nous réévaluerons certainement notre position », a-t-il indiqué mardi à la radio de l’armée.

Lara Alqasem a présidé au cours de ses études en Floride une branche de Students for Justice in Palestine, une organisation qui mène souvent des campagnes de boycottage contre Israël, a rapporté la presse israélienne. Mais elle a dit devant un tribunal de Tel-Aviv avoir pris ses distances avec le mouvement.

 

Le tribunal a statué mardi qu’elle n’était pas forcée de rester dans le centre de rétention de l’aéroport et qu’elle était libre de rentrer chez elle, selon la porte-parole de l’Autorité de l’immigration. Cependant, la jeune femme a décidé de rester et de contester en justice la décision des autorités.

Une nouvelle audience est prévue jeudi à 10 h (3 h à Montréal), a indiqué la justice.

L’Université hébraïque a demandé au tribunal l’autorisation de se joindre au recours de l’étudiante. Le président de l’institution, le professeur Asher Cohen, a déclaré à la radio que le traitement réservé à Lara Alqasem faisait le jeu du BDS.

Israël accuse le BDS d’antisémitisme — ce que celui-ci dément — et combat farouchement le boycottage comme une menace stratégique attentant à sa légitimité.

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