Israël et le Hamas sur le pied de guerre - Une pluie de fusées tombe sur Gaza

Un Palestinien pleure la mort d’un enfant de 10 mois tué jeudi à Gaza.
Photo: Agence France-Presse (photo) Mahmud Hams Un Palestinien pleure la mort d’un enfant de 10 mois tué jeudi à Gaza.

La mort du chef militaire du Hamas, Ahmed Jabari, a mis le feu aux poudres. Les forces armées d’Israël et du Hamas sont sur le pied de guerre. La population, elle, vit dans la crainte.


L’armée israélienne a ordonné jeudi le rappel de quelque 30 000 réservistes, signe de la préparation d’une éventuelle offensive terrestre dans le territoire palestinien.


« J’ai donné l’ordre aujourd’hui aux militaires de rappeler des réservistes afin d’être préparés pour une possible intervention », a déclaré le ministre de la Défense, Éhoud Barak, au lendemain du coup d’envoi de l’offensive israélienne « Pilier de la défense ». Au moins une dizaine de camions transportant des chars de guerre ont été vus jeudi en train de se diriger vers la bande de Gaza, tandis que des autocars transportaient des soldats dans la même direction.


Aucune décision n’a encore été prise sur une éventuelle incursion dans le territoire palestinien, a souligné l’armée. Des chaînes de télévision israéliennes ont cependant affirmé que l’offensive terrestre commencerait dès ce vendredi.


Le Hamas a proclamé l’état d’urgence. Les écoles sont ainsi restées fermées jeudi. Au moins 15 Palestiniens — dont deux enfants — ont été tués en deux jours, dans les raids aériens sur la bande de Gaza, et 200 autres ont été blessés. Des avions israéliens ont largué des prospectus en matinée pour demander aux résidents du territoire de se tenir loin des militants du Hamas et des autres groupes radicaux.


Les roquettes ont aussi continué de pleuvoir sur le territoire israélien jeudi, faisant trois morts dans le sud du pays.


Trois des 200 dispositifs qui ont été tirés sur Israël jeudi ont atteint la région densément peuplée de Tel-Aviv, selon l’armée israélienne. L’une des roquettes est tombée sur un terrain vague de Rishon Lezion, en banlieue de Tel-Aviv, tandis que les deux autres sont apparemment tombées dans la mer, a indiqué l’armée. Les tirs ont déclenché les sirènes d’alerte dans la métropole d’Israël. Des résidents pris de panique se sont mis à courir pour trouver refuge dans les abris antibombes. Certains se sont allongés au sol ou réfugiés sous les tables quand les sirènes ont retenti.


Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a déclaré que son armée était prête à « amplifier de manière significative » son opération militaire dans la bande de Gaza. Le chef du gouvernement a affirmé qu’il ne tolérerait pas que les civils israéliens soient la cible continuelle de tirs de roquettes. Il a également dit espérer que le Hamas ait « compris le message », sans quoi le gouvernement israélien entreprendra toute action qu’il juge nécessaire pour protéger les citoyens du pays.


Le chef militaire du Hamas, Ahmed Jabari, a été tué mercredi lors d’un raid aérien dans la bande de Gaza. Le lendemain, des avions, des chars et des navires israéliens ont bombardé le petit territoire palestinien, au moment même où des dizaines de roquettes tirées par des militants islamistes de la bande de Gaza touchaient le sud d’Israël.


Le premier ministre du Hamas dans la bande de Gaza, Ismaïl Haniyeh, a fait l’éloge funèbre d’Ahmed Jabari jeudi soir lors d’un discours télévisé. « Quel martyr et quelle journée glorieuse », a-t-il dit. « Félicitations. Repose en paix. Sois béni. » Ismaïl Haniyeh a déclaré que les Palestiniens étaient restés tenaces et défiants durant les 22 jours de la dernière guerre entre Israël et le Hamas, en 2009, et qu’ils pourraient tenir encore plus longtemps cette fois-ci.


Israël et le Hamas — au pouvoir dans la bande de Gaza — observaient une trêve informelle depuis quatre ans, mais elle a été rompue au cours des dernières semaines par de nombreux tirs de roquettes de la bande de Gaza vers Israël suivis de frappes aériennes de représailles de Tsahal.


Les précampagnes électorales sont souvent propices aux escalades militaires, expliquent des analystes politiques, montrant du doigt les opérations « Raisins de la colère » au Liban en 1996 et « Plomb durci » à Gaza en 2008-2009.


Les prochaines élections législatives israéliennes doivent se tenir le 22 janvier prochain. « De nombreux hommes politiques estiment qu’un agenda centré sur la sécurité servirait les intérêts de Nétanyahou et du Likoud, et indirectement d’Éhoud Barak, alors qu’un agenda économique les desservirait, après la contestation sociale sans précédent qui s’est étendue à tout le pays durant l’été 2011 », estime le quotidien israélien Haaretz.


Washington et Londres ont clairement soutenu le droit d’Israël à se défendre contre le Hamas, qu’ils estiment responsable de l’escalade de la violence dans la bande de Gaza, la Russie jugeant, quant à elle, que les raids israéliens étaient une réaction « disproportionnée » aux tirs de roquettes du Hamas, considérés également comme « inacceptables ».


Le président des États-Unis, Barack Obama, et Benjamin Netanyahu « sont d’accord sur le fait que le Hamas doit cesser ses attaques contre Israël pour permettre une désescalade de la situation », a précisé jeudi la Maison-Blanche, jugeant qu’il n’y avait « aucune justification pour la violence » du mouvement islamiste palestinien.


Dans le monde arabe, en revanche, les réactions condamnaient unanimement Israël.


Le premier ministre égyptien, Hicham Kandil, se rendra vendredi dans la bande de Gaza sur demande du président Mohamed Morsi, afin d’afficher le soutien de l’Égypte au Hamas, au moment où une possible offensive terrestre israélienne se prépare.


 

D’après l’Associated Press et l’Agence France-Presse

À voir en vidéo