Un appel au calme lors d’une journée sanglante

Le général norvégien Robert Mood, à la tête de la mission des observateurs de l’ONU, a appelé à son arrivée en Syrie toutes les parties à l’arrêt des violences qui ont fait hier 29 morts de plus.
«Les observateurs ne peuvent pas résoudre seuls tous les problèmes [...] toutes les parties doivent arrêter les violences et donner une chance» au plan de sortie de crise de l’émissaire international Kofi Annan, a-t-il estimé.
Ce plan, censé mettre un terme à plus de 13 mois meurtriers en Syrie, prévoit le retour de l’armée dans les casernes, l’arrêt des hostilités, la libération des détenus, le droit de manifester, l’ouverture d’un dialogue entre pouvoir et opposition ainsi que l’accès des humanitaires et de la presse.
«Nous allons travailler à l’application complète du plan Annan en six points, accepté par le gouvernement syrien. Pour y parvenir, nous avons maintenant 30 observateurs sur le terrain, nous allons doubler ce chiffre pendant les prochains jours [...] et il va rapidement atteindre 300», a ajouté le général Mood.
Le nombre d’observateurs devrait passer à 100 sous un mois, avant d’atteindre 300 membres, comme le prévoit la résolution 2043 votée à l’unanimité il y a une semaine par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Cette mission, d’une durée initiale de trois mois, s’annonce périlleuse pour les observateurs qui doivent être déployés sans armes dans un pays où les violences persistent plus de deux semaines après l’annonce d’un cessez-le-feu, largement ignoré malgré les engagements du régime et des rebelles.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a, quant à lui, recensé 29 morts au total pour la seule journée d’hier.
Parmi les membres de l’équipe avancée d’observateurs, huit sont basés dans différentes villes touchées par les violences : Deraa, Idleb, Hama et Homs, a indiqué Neeraj Singh, un porte-parole de la mission de l’ONU à Damas.
De son côté, le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, a estimé que le plan Annan était «en danger», dans une interview au journal suisse Der Sonntag.
«Je place de grands espoirs dans le plan en six points de Kofi Annan. [...] Malheureusement, je suis aussi très conscient que ce plan est en danger. Il est donc d’autant plus important que la mission [d’observation] puisse se développer rapidement», a-t-il expliqué.
Il a ajouté que le CICR, en partenariat avec le Croissant-Rouge syrien, avait pu distribuer des vivres et de l’aide humanitaire à quelque 300 000 personnes.
Selon Amnesty International, les violences ont fait au moins 362 morts, en particulier dans les villes tout juste visitées par les observateurs, depuis le début du travail des premiers d’entre eux le 16 avril.
Après avoir accusé samedi les Nations unies d’«encourager les terroristes», la presse officielle syrienne a affirmé hier que le réseau extrémiste Al-Qaïda était derrière les attentats qui ont fait des dizaines de morts ces derniers mois, en particulier à Damas et à Alep.
Le dernier en date remonte à vendredi et avait fait 11 morts à Damas, selon les médias officiels.
Cet attentat suicide a été revendiqué par un groupe se faisant appeler le Front al-Nosra, sur un site islamiste généralement utilisé par Al-Qaïda, rapportait hier le centre américain de surveillance des mouvements jihadistes SITE.
Samedi, l’armée libanaise a annoncé avoir intercepté trois conteneurs d’armes provenant de Libye et destinés aux insurgés.