Les violences font 34 morts en Syrie malgré la présence des observateurs

Trente-quatre personnes ont encore péri hier dans des violences en Syrie, où 300 observateurs internationaux seront déployés à partir de la semaine prochaine pour surveiller un cessez-le-feu sérieusement compromis.
En dépit de la trêve entrée officiellement en vigueur le 12 avril, 28 civils ont été tués à Hama par les troupes du régime, un autre près de Damas, et cinq soldats dans les régions de Deraa et de Hama, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). C'est la première fois qu'un nombre aussi important de civils tués est recensé dans une même ville depuis l'instauration du cessez-le-feu.Pour Abou Omar, militant à Damas, la mission de l'ONU, qui compte pour le moment moins d'une dizaine de Casques bleus, est un échec parce que « les observateurs coordonnent leurs mouvements uniquement avec les autorités et ne travaillent pas avec le peuple sur le terrain ». Plusieurs militants ont ainsi affirmé que durant leur tournée hier dans plusieurs villes de la région de Damas, les Casques bleus avaient refusé de suivre les habitants qui voulaient leur montrer les lieux où ils accusent le régime de cacher ses chars.
Alors que l'OSDH a recensé plus de 200 morts depuis l'instauration du cessez-le-feu, le porte-parole de Kofi Annan, Ahmad Fawzi, a reconnu que « les conditions sont risquées » en Syrie où pour la première fois de leur histoire des Casques bleus sont envoyés sans arme dans un pays où la trêve n'est pas respectée.
Le porte-parole adjoint de l'ONU, Eduardo del Buey, a toutefois indiqué que le déploiement de l'équipe restreinte « devrait être terminé à la fin avril » et que le déploiement des 300 Casques bleus non armés, voté à l'unanimité samedi par le Conseil de sécurité de l'ONU, commencera la semaine prochaine.
« Nous croyons que la présence d'observateurs de l'ONU changera la dynamique politique sur le terrain », a ajouté M. Fawzi, au lendemain d'un nouvel appel de M. Annan à Damas d'arrêter « une fois pour toutes » d'utiliser des armes lourdes.
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, a appelé Damas à « saisir cette chance d'une solution politique à la crise avant qu'il ne soit trop tard ».
Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Meqdad, a affirmé pour sa part que le gouvernement était totalement engagé par le plan Annan, estimant que le dialogue était le seul moyen de sortir de la crise, selon Sana.
Hier, une partie de l'équipe restreinte d'observateurs s'est rendue dans la ville rebelle de Zabadani, à 47 kilomètres au nord-ouest de Damas, théâtre régulier de manifestations anti-régime et de combats entre les troupes du régime et l'Armée syrienne libre (ASL) qui regroupe des déserteurs.
Elle a également visité Douma, selon des militants, au lendemain de violents assauts durant lesquels trois civils ont péri. Des milliers de manifestants se sont rassemblés autour des quatre Casques bleus qui visitaient cette banlieue de la capitale, scandant des slogans réclamant la chute du régime et l'armement des rebelles de l'ASL, selon des vidéos de militants.