Syrie: la mission de l'ONU s'installe alors que des combats font rage

Damas — De violents combats opposaient hier soldats syriens et déserteurs et des bombardements ont repris à Homs, au premier jour de la mission d'observateurs internationaux chargés d'évaluer le respect d'un fragile cessez-le-feu, après 13 mois de contestation réprimée dans le sang.
Les combats entre soldats et déserteurs ont repris, l'armée a de nouveau bombardé le vieux Homs dont le contrôle lui échappe toujours et neuf civils ont péri à travers le pays, après que des ambassadeurs occidentaux ont dit douter de la volonté du président Bachar al-Assad de renoncer à la répression.La mission, votée samedi à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU, s'annonce à haut risque pour les six observateurs non armés déjà sur le terrain sous la direction du colonel marocain Ahmed Himmiche.
«Pas de cessez-le-feu, pas même le début d'un processus politique: cette mission sera une des plus difficiles jamais entreprises par l'ONU», a estimé un diplomate onusien, même si les bilans ont marqué une nette rupture à l'entrée en vigueur du cessez-le-feu après les derniers mois, où les morts se comptaient chaque jour par dizaines. Selon l'OSDH, les violences ont fait une cinquantaine de morts depuis l'entrée en vigueur de la trêve jeudi matin.
L'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU, Kofi Annan, souhaite l'envoi à terme de plus de 200 observateurs en Syrie, mais cela nécessitera une nouvelle résolution du Conseil de sécurité et l'arrêt total des violences.
Hier, la première tâche des observateurs a consisté à «établir un quartier général opérationnel» à Damas, a expliqué un porte-parole de l'ONU. Ils prendront ensuite contact avec le gouvernement et l'opposition afin d'expliquer leur rôle, puis se rendront dans d'autres villes pour y établir des bases.
Propagande?
Depuis jeudi, les médias syriens rapportent la quasi-totalité des violences signalées par les militants, mais les attribuent systématiquement à des «terroristes». Les autorités ont dénoncé une intensification «hystérique» des attaques de ces «terroristes» et prévenu qu'elles allaient y mettre fin.
Les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain, ont appelé à la création d'une «hot-line» entre les militants sur place et les observateurs pour faciliter la surveillance et demandé la présence d'au moins trois observateurs à chaque manifestation.
Des rassemblements anti-régime ont eu lieu à travers le pays hier, jour férié en Syrie,, selon les LCC. À Deraa, des vidéos ont montré des centaines de manifestants, portant les drapeaux de l'indépendance et criant leur soutien à l'Armée syrienne libre (ASL), formée essentiellement de déserteurs.
Une vidéo montrait également des centaines de manifestants à al-Habit, dans la région d'Idleb, »soutenant Homs et les régions visées» par les forces du régime.
Outre l'arrêt des hostilités, le plan Annan prévoit le retour de l'armée dans les casernes, le droit de manifester pacifiquement et la libération des personnes arrêtées dans le cadre de la révolte populaire qui secoue le pays depuis mars 2011.
Selon les militants, les chars sont toujours dans les villes et l'armée n'a pas levé ses barrages. De plus, les campagnes d'arrestations se poursuivent: l'OSDH a rapporté ier l'arrestation d'une journaliste, Marie Issa, et de son mari à leur domicile près de Damas.
Et Anouar Bounni, avocat des droits de la personne, a affirmé que 42 jeunes étaient toujours en détention après avoir été arrêtés jeudi, jour de l'instauration du cessez-le-feu, lors d'une manifestation devant le Parlement dans le centre de Damas.