Syrie - L'Assemblée générale de l'ONU condamne massivement la répression

Un trafiquant irakien exposait hier sa «camelote» qui se retrouvera en Syrie.
Photo: Agence Reuters Un trafiquant irakien exposait hier sa «camelote» qui se retrouvera en Syrie.

New York — L'Assemblée générale de l'ONU a adopté hier à une écrasante majorité, malgré l'opposition de Moscou et de Pékin, une résolution dénonçant la répression en Syrie, qui devrait accentuer l'isolement du régime de Damas même si sa portée est surtout symbolique.

Sur 193 pays membres de l'Assemblée, 137 ont voté en faveur du texte, 12 contre (dont la Russie, la Chine, Cuba, l'Iran, la Corée du Nord et le Venezuela), et 17 se sont abstenus. Ce vote intervient 12 jours après le blocage par la Russie et la Chine d'un texte similaire au Conseil de sécurité.

La résolution exige du gouvernement syrien qu'il mette fin à ses attaques contre sa population civile, soutient les efforts de la Ligue arabe pour assurer une transition démocratique à Damas et recommande la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie. Ce texte a une portée essentiellement symbolique, l'Assemblée générale étant un organe consultatif où le droit de veto n'existe pas.

Le Conseil de sécurité ne s'est toujours pas exprimé depuis le début de la crise en Syrie en mars 2011. Il a été bloqué pour la deuxième fois le 4 février par un double veto russe et chinois.

Le dépôt de cette résolution était soutenu par plus de 70 pays, dont de nombreux pays occidentaux et arabes. Avant le vote, des diplomates occidentaux expliquaient que l'objectif était de rassembler encore plus de voix que le 19 décembre dernier. L'Assemblée avait alors dénoncé les violations des droits de la personne en Syrie par 133 voix pour, 11 contre, et 43 abstentions dont la Russie et la Chine. Mais le texte voté hier contient des éléments plus politiques, dont des références au plan de règlement de la Ligue arabe du 22 janvier.

En présentant le texte au vote au nom du groupe arabe, le représentant égyptien, Ossama Abdelkhalek, avait «demandé aux pays membres d'envoyer un message clair au peuple syrien». L'ambassadeur syrien Bachar Jaafari avait quant à lui dénoncé une résolution «tendancieuse et déséquilibrée», faisant valoir la nécessité d'un «dialogue national», rejeté par l'opposition.

Pour le représentant russe Vitaly Tchourkine, Moscou «n'avait pas d'autre choix que de voter contre», dès lors que ses amendements avaient été rejetés. La Russie souhaitait notamment que le texte souligne aussi la responsabilité de l'opposition dans les violences.

La résolution adoptée «condamne fermement la poursuite des violations généralisées et systématiques des droits de l'homme et des libertés fondamentales par les autorités syriennes, comme l'emploi de la force contre des civils». Elle «exhorte le gouvernement syrien à [y] mettre immédiatement fin» et affirme que les responsables d'éventuels crimes contre l'humanité devront répondre de leurs actes.

Le texte «condamne toutes les violences, d'où qu'elles viennent», du régime ou de l'opposition armée, et «demande à toutes les parties, y compris les groupes armés, de mettre immédiatement fin à toutes les violences ou représailles».

Sur le plan politique, la résolution «soutient sans réserve» le plan de la Ligue arabe du 22 janvier prévoyant une transition vers un «système politique démocratique et pluraliste».

L'Assemblée invite enfin l'ONU à nommer un envoyé spécial pour la Syrie et à fournir «une assistance technique et matérielle» aux efforts de règlement de la Ligue arabe.

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