La mission des observateurs est prolongée d'un mois - Damas dénonce un complot de la Ligue arabe

Un poste de contrôle de l’armée syrienne à Homs
Photo: Agence Reuters Ahmed Jadallah Un poste de contrôle de l’armée syrienne à Homs

La Syrie a rejeté hier la nouvelle feuille de route adoptée la veille par les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, qui invite le président Bachar al-Assad à déléguer ses pouvoirs à son vice-président.

«La Syrie rejette les décisions du conseil ministériel de la Ligue arabe [...] et considère qu'il s'agit d'une violation de sa souveraineté nationale et d'une ingérence flagrante dans sa politique intérieure», dit l'agence de presse officielle syrienne, citant une source officielle qui parle de «complot contre la Syrie».

Comme prévu, la Ligue arabe a en outre prolongé d'un mois la mission des observateurs déployés fin décembre pour veiller à la mise en oeuvre d'un premier plan, bien que leur présence n'ait pas mis fin à la répression. Les autorités syriennes n'ont pas réagi à cette décision, mais le crédit de la mission a été largement entamé par la décision de l'Arabie saoudite, qui a rappelé ses observateurs en invitant la communauté internationale à exercer «toute la pression possible sur Damas».

Outre la mise à l'écart du chef de l'État, le nouveau plan de la Ligue arabe recommande la formation d'un gouvernement d'union nationale qui serait chargé d'organiser des élections législatives et présidentielle anticipées.

«Le fait que les pays arabes proposent une intervention aussi claire et qu'ils donnent [à Bachar al-Assad] l'ordre de se retirer assorti d'une procédure pour le faire montrent combien sa crédibilité et sa légitimité sont entamées dans la région», juge le politologue beyrouthin Rami Khouri.

«Le gouvernement syrien n'a appliqué aucune des dispositions du plan de sortie de crise arabe», a quant à lui regretté Saoud al-Fayçal, chef de la diplomatie saoudienne, justifiant la décision de Riyad de rappeler ses observateurs. «Nous invitons la communauté internationale à prendre ses responsabilités et cela concerne nos frères des États islamiques et nos amis de Russie, de Chine, d'Europe et des États-Unis», a poursuivi le prince Fayçal.

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont étendu hier leurs sanctions (gel des avoirs et interdiction de délivrance de visas) à 22 personnalités et huit organisations syriennes.

Les divergences entre les 22 États membres de la Ligue arabe ont pesé sur les débats de la fin de semaine, mais le Liban a été le seul à rejeter le plan adopté dimanche. L'Algérie s'est par ailleurs opposée à une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le Conseil national syrien, mis sur pied par l'opposition, s'est en revanche félicité du plan de la Ligue. «Cela confirme que les pays arabes considèrent aujourd'hui que le régime tyrannique de Bachar al-Assad est fini et qu'il doit être remplacé», a estimé son chef de file Bourhan Ghalioun, au Caire.

Interrogé sur les sanctions que la Ligue arabe à décidé d'infliger à Damas, le premier ministre qatari, Hamad ben Djassem al-Thani, président du comité chargé de la Syrie, a déclaré qu'elles seraient imposées par l'intermédiaire du Conseil de sécurité de l'ONU. Or la Russie et la Chine, qui ont déjà fait usage de leur droit de veto pour écarter un projet de résolution condamnant la répression syrienne, restent hostiles aux sanctions.

À voir en vidéo