Les critiques fusent au sein même de la Ligue arabe sur la mission en Syrie

Le cheikh Hamad ben Djassim al Thani, chef du gouvernement qatari et président du groupe de travail de la Ligue sur la Syrie, a déploré hier les «erreurs» commises par les observateurs de la Ligue arabe en Syrie, ajoutant que l'organisation devait envisager l'interruption de leur mission.
Pour sa part, le chef militaire rebelle syrien a qualifié d'échec la mission des observateurs en raison de la poursuite de la répression de la révolte par le régime et a appelé à une aide de l'ONU pour mettre fin à dix mois d'effusion de sang.En dépit de ces critiques, la Ligue arabe n'écourtera pas leur mission, a assuré hier le représentant d'un État membre de l'organisation. Le comité de la Ligue chargé de la Syrie doit se réunir dimanche au Caire pour examiner les premières conclusions des observateurs, qui sont chargés de veiller à la mise en oeuvre du plan de paix accepté en novembre par Damas.
La répression a encore fait cinq morts civils hier, tués par balle dans plusieurs villes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). En outre, des affrontements ont opposé déserteurs et soldats dans la région de Deraa.
Par ailleurs, la télévision syrienne a annoncé hier la remise en liberté de 552 personnes interpellées depuis le début du soulèvement; 755 autres détenus avaient déjà été relâchés la semaine dernière. Ce que contestent les mouvements de droits de la personne.
Nabil Elarabi, secrétaire général de la Ligue arabe, a assuré lundi que l'armée syrienne avait quitté les centres urbains, mais l'information a été démentie hier encore par l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
«Nous n'observons pas de libération de prisonniers ou de véritable retrait de la présence militaire dans les rues», a déclaré Rami Abdelrahman, président de l'Observatoire. «Les chars de l'armée ont été remplacés par des véhicules blindés qui ont toujours la possibilité de tirer», a-t-il ajouté.
La controverse suscitée par la mission des observateurs a incité plusieurs parties à favoriser une intervention de l'ONU pour mettre fin à la répression menée par le régime du président Bachar al-Assad. Selon les Comités locaux de coordination, qui chapeautent la mobilisation sur le terrain, 390 personnes ont été tuées depuis le début de cette mission arabe le 26 décembre, alors que le protocole arabe la régissant appelait à un arrêt total des violences et au retrait des chars des villes syriennes.
Washington a estimé que la Syrie n'avait pas respecté ses engagements vis-à-vis de la Ligue arabe et qu'il était «largement temps» pour l'ONU d'agir. Paris a jugé «utile» une contribution de l'ONU pour renforcer la mission des observateurs.
D'ailleurs, le premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem al-Thani, a évoqué mercredi avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, «les moyens concrets par lesquels l'ONU pourrait soutenir la mission des observateurs».
L'opposition syrienne a dénoncé le «manque de professionnalisme» de ces observateurs arabes, ainsi que «les moyens détournés dont use le régime pour entraver» leur travail.