Menace de mesures de rétorsion - Israël ne veut pas de reconnaissance d'un État palestinien
Jérusalem — Le ministre israélien des Finances a estimé hier que la demande d'adhésion d'un État palestinien à l'ONU prévue en septembre constituait «une menace plus grave que celle du Hamas», qui contrôle la bande de Gaza, et promis qu'elle ne resterait «pas sans réponse».
«Cette initiative des Palestiniens constitue une menace plus grave que celle du [mouvement islamiste palestinien] Hamas à Gaza, et elle ne restera pas sans réponse d'Israël», a déclaré à la radio publique israélienne Youval Steinitz, du parti Likoud du premier ministre, Benjamin Nétanyahou. «La demande unilatérale des Palestiniens [d'adhésion de leur État à l'ONU] constitue une violation des engagements pris par les Palestiniens dans leurs accords signés avec Israël», avait déclaré dimanche M. Nétanyahou.Également interrogé hier à la radio, le ministre des Infrastructures nationales, Ouzi Landau, a renchéri: «Dans ce cas de figure, il est clair que nos accords avec les Palestiniens seraient nuls et non avenus.»
«Nous devrions alors imposer notre souveraineté sur les secteurs des Territoires [palestiniens occupés] à propos desquels il y a un consensus en Israël, c'est-à-dire la vallée du Jourdain et les grands blocs d'implantations, voire davantage», a ajouté M. Landau qui est membre de Israël Beiteinou, parti de droite nationaliste du chef de la diplomatie Avigdor Lieberman.
De son côté, un haut responsable de la Sécurité a déclaré, sous couvert de l'anonymat, qu'Israël a «élaboré un large éventail d'options».
«Quelles options utiliser ? Ce n'est pas encore décidé. Ce serait une erreur de décider maintenant. Il faut voir ce qui se passe», a-t-il dit, en arguant qu'un État palestinien serait incapable de fonctionner indépendamment d'Israël.
Les négociations de paix avec Israël étant bloquées, les Palestiniens espèrent obtenir, en principe après le 20 septembre, une adhésion à part entière de leur État à l'ONU et la reconnaissance de la Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avant la Guerre des Six jours, soit la totalité de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est.
En mai, après un accord de réconciliation entre le mouvement Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas, M. Steinitz avait délibérément retardé le transfert de fonds dus à l'Autorité palestinienne.
En vertu des auxiliaires économiques des accords d'Oslo (1993), Israël reverse à l'Autorité palestinienne des taxes qu'il prélève pour le compte de cette dernière sur des marchandises transitant via les ports et aéroports israéliens. Ces fonds, qui atteignent près de un milliard par an, représentent les deux tiers du budget annuel de l'Autorité.
Confirmant des informations du journal Haaretz, un haut responsable palestinien a indiqué, en le déplorant, qu'Israël avait refusé d'anticiper le versement mensuel des fonds dus à l'Autorité palestinienne, qui voulait payer les salaires de ses employés avant la fête de l'Aïd el-Fitr, marquant la fin du ramadan.