Al-Jazira joue les WikiLeaks - Les négociateurs palestiniens se sont-ils effondrés?

Jérusalem — Les responsables palestiniens ont fait des concessions considérables à Israël tout en affichant leur fermeté en public, notamment sur la question ultrasensible de Jérusalem. C'est ce qui ressort des documents confidentiels publiés par Al-Jazira, les «plus importantes fuites dans l'histoire du conflit israélo-palestinien», selon la chaîne de télévision basée au Qatar. Suivant l'exemple donné par WikiLeaks, Al-Jazira a commencé à diffuser dimanche soir plus de 1600 documents, notes et verbatim de rencontres entre négociateurs israéliens et palestiniens, couvrant la période de 1999 à 2010.
La plupart des documents, qui ont été communiqués au quotidien britannique The Guardian, sont cependant relatifs aux années 2007-2008, avant et après la conférence d'Annapolis, lorsque le gouvernement israélien de l'ancien premier ministre Éhoud Omert menait des pourparlers directs avec l'Autorité palestinienne.Les révélations les plus troublantes pour l'opinion palestinienne sont contenues dans les comptes rendus de rencontres en 2008 et 2009 entre négociateurs palestiniens, israéliens et américains sur la question de Jérusalem. Les Palestiniens auraient proposé à Israël d'annexer l'ensemble des quartiers de colonisation juifs dans la partie orientale de la ville, à l'exception de celui de Har Homa, dans le cadre d'un accord de paix. Une concession qui contredit totalement les déclarations publiques palestiniennes: le président palestinien Mahmoud Abbas a encore affirmé la semaine dernière que le statut de Jérusalem-Est, dont l'annexion par Israël n'a jamais été reconnue par la communauté internationale, n'était «pas négociable». «Ce n'est pas un secret que nous vous offrons le plus grand Yeroushalaim de toute l'histoire [...] C'est la première fois dans l'histoire israélo-palestinienne qu'une telle proposition est faite», dit le négociateur en chef palestinien, Saeb Erekat, en utilisant le mot hébreu pour «Jérusalem», cité dans les minutes d'une des rencontres.
«Solution créative»
La proposition est vertement rejetée par la ministre des Affaires étrangères israélienne de l'époque, Tzipi Livni, actuelle chef de l'opposition. Motif: le refus palestinien de céder Har Homa et les grosses colonies de Maale Adoumim, près de Jérusalem, et d'Ariel, au coeur de la Cisjordanie, à Israël. Selon les documents d'Al-Jazira, Saeb Erekat aurait aussi proposé un contrôle israélien sur le quartier juif et le quartier arménien de la vieille ville. Et envisagé une «solution créative», sans précédent de la part d'un responsable palestinien, pour l'esplanade des mosquées — appelé Mont du Temple par les juifs — sous la forme d'un comité ou conseil conjoint israélo-palestinien. D'autres minutes devraient être publiées ces prochains jours, concernant notamment des concessions palestiniennes sur le statut des réfugiés, une des autres questions épineuses du conflit israélo-palestinien. Les négociateurs palestiniens auraient proposé à Israël le retour de seulement 100 000 réfugiés, étalé sur dix ans. Parmi les documents d'Al-Jazira, figurent aussi des informations gênantes pour l'Autorité palestinienne concernant l'offensive israélienne à Gaza de l'hiver 2008-2009: le président palestinien aurait été informé par un haut responsable israélien du ministère de la Défense «de l'intention d'Israël de lancer une offensive à Gaza» fin 2008. L'ancien négociateur palestinien Ahmed Qoreï aurait aussi, dans un des documents datant de 2008, demandé à Tzipi Livni «de renforcer le blocus israélien imposé à Gaza».
La proposition est vertement rejetée par la ministre des Affaires étrangères israélienne de l'époque, Tzipi Livni, actuelle chef de l'opposition. Motif: le refus palestinien de céder Har Homa et les grosses colonies de Maale Adoumim, près de Jérusalem, et d'Ariel, au coeur de la Cisjordanie, à Israël. Selon les documents d'Al-Jazira, Saeb Erekat aurait aussi proposé un contrôle israélien sur le quartier juif et le quartier arménien de la vieille ville. Et envisagé une «solution créative», sans précédent de la part d'un responsable palestinien, pour l'esplanade des mosquées — appelé Mont du Temple par les juifs — sous la forme d'un comité ou conseil conjoint israélo-palestinien. D'autres minutes devraient être publiées ces prochains jours, concernant notamment des concessions palestiniennes sur le statut des réfugiés, une des autres questions épineuses du conflit israélo-palestinien. Les négociateurs palestiniens auraient proposé à Israël le retour de seulement 100 000 réfugiés, étalé sur dix ans. Parmi les documents d'Al-Jazira, figurent aussi des informations gênantes pour l'Autorité palestinienne concernant l'offensive israélienne à Gaza de l'hiver 2008-2009: le président palestinien aurait été informé par un haut responsable israélien du ministère de la Défense «de l'intention d'Israël de lancer une offensive à Gaza» fin 2008. L'ancien négociateur palestinien Ahmed Qoreï aurait aussi, dans un des documents datant de 2008, demandé à Tzipi Livni «de renforcer le blocus israélien imposé à Gaza».
«Mensonges»
Ces fuites sont-elles sélectives? Leur authenticité a en tout cas été rejetée en bloc par la direction palestinienne. Le négociateur palestinien Saeb Erekat les a qualifiées de «tissu de mensonges» peu après leur publication. Les spéculations allaient bon train hier sur leur origine. Selon The Guardian, elles auraient plusieurs sources et auraient été obtenues auprès de la Palestinian negotiation support unit (NSU), le département chargé du soutien technique et légal aux négociateurs palestiniens. L'un d'entre eux, Yasser Abed Rabbo, a indiqué qu'une partie des documents avait été dérobée par un employé de cette unité «dont nous connaissons l'identité».
La plupart des commentateurs estiment cependant que le suspect numéro un est Mohammed Dahlane, un ancien cacique du Fatah, longtemps responsable des services de sécurité palestiniens, dont les relations avec le président Mahmoud Abbas se sont considérablement tendues ces derniers temps, et qui est sur le point de se faire évincer du parti. Une chose est sûre: plus personne ne s'étonnera de la tranquille assurance avec laquelle Israël a annoncé la semaine dernière un projet de 1?400 nouveaux logements dans le quartier de colonisation de Gilo, à Jérusalem-est.