Proche-Orient - Les Palestiniens veulent voir une carte de l'«État juif»

Des Palestiniens ont été arrêtés mardi à Hébron.
Photo: Agence Reuters Des Palestiniens ont été arrêtés mardi à Hébron.

Ramallah — Invités par Washington à répondre à la proposition de Benjamin Nétanyahou de proroger un gel partiel de la colonisation juive en échange de leur reconnaissance d'Israël comme État juif, les Palestiniens ont répondu en demandant aux États-Unis d'obtenir la carte des frontières définitives que celui-ci envisage.

Cette nouvelle condition préalable du chef du gouvernement israélien à la reprise du dialogue direct avec les Palestiniens, relancé début septembre avant d'être suspendu par Mahmoud Abbas à cause de la non-reconduction du moratoire sur la construction de nouvelles colonies en Cisjordanie, a été rejetée mardi par le président palestinien.

Selon l'entourage de Mahmoud Abbas, non seulement elle heurte les 20 % d'Israéliens d'origine arabe et dénie de facto le «droit au retour» des réfugiés des guerres de 1948 et 1967, mais en outre elle n'a jamais été imposée à l'Égypte et à la Jordanie avant de conclure la paix avec Israël.

«Nétanyahou a exposé son point de vue sur les initiatives qu'il est disposé à prendre en faveur du processus et sur ce que son peuple est à ses yeux en droit d'en attendre; nous aimerions que les Palestiniens en fassent de même», a arbitré mardi soir le porte-parole du département d'État américain en endossant la judaïté de l'État d'Israël.

«Ce que nous attendons de l'administration américaine et d'Israël, c'est qu'ils nous présentent une carte de l'État d'Israël qu'il souhaitent que nous reconnaissions», a répliqué Yasser Abed Rabbo dans une interview accordée à Reuters.

«Sera-ce la carte des frontières de 1967 ou inclura-t-elle du territoire palestinien et les foyers où nous vivons?», s'est-il interrogé en se référant à la guerre des Six Jours durant laquelle Israël a conquis la Cisjordanie, Gaza et la partie orientale de Jérusalem, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur État.

Confiance

Benjamin Nétanyahou, dont la majorité parlementaire à la Knesset repose sur une alliance avec les partis religieux et ultranationalistes, a présenté sa condition préalable à la poursuite des pourparlers comme une «mesure de confiance» destinée à les favoriser. Mais certains commentateurs israéliens et palestiniens y voient un stratagème destiné à imputer l'échec du processus de négociations à une partie adverse en position de faiblesse, dont une telle concession reviendrait, selon certains d'entre eux, à un «suicide politique».

La réponse d'Abed Rabbo à l'invitation pressante de Washington fait écho à l'insistance du président palestinien pour obtenir des «termes de référence» clairs dans le processus de négociation direct avec Israël.

Sous ses gouvernements successifs, Israël a toujours maintenu qu'il entendait conserver les principales colonies juives de Jérusalem-Est et de Cisjordanie dans le cadre d'un futur accord de paix, mais Benjamin Nétanyahou y a ajouté l'exigence d'un maintien de troupes israéliennes le long du Jourdain, frontière orientale du futur État palestinien.

«Encore une fois, nous sommes prêts à reconnaître l'État d'Israël si Washington nous fournit une carte des frontières de cet État afin que nous sachions si elles incluent nos terres et nos habitations en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem», a fait valoir Yasser Abed Rabbo.

L'Organisation de libération de la Palestine a reconnu l'existence d'Israël en 1993, dans le cadre des accords d'Oslo, tandis que celui-ci reconnaissait l'OLP comme la représentante du peuple palestinien.

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