Pourparlers israélo-palestiniens - La Ligue arabe se donne encore un mois
La Ligue arabe a pris note hier de l'absence de progrès dans les négociations directes avec IsraJel mais laissera le président palestinien Mahmoud Abbas libre de les poursuivre ou non.
Syrte, Libye — La Ligue arabe a décidé hier de se réunir à nouveau dans un mois pour étudier des solutions proposées par le président palestinien Mahmoud Abbas en cas d'échec des négociations avec Israël.Le Comité de suivi arabe des négociations israélo-palestiniennes a également appelé Washington «à poursuivre ses efforts destinés à réunir les conditions nécessaires pour remettre le processus de paix sur les rails, notamment par un arrêt de la colonisation».
Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion hier à Syrte (Libye) entre Abbas et les ministres des Affaires étrangères des 13 pays arabes qui composent ce comité, ces derniers ont réaffirmé qu'il ne pouvait pas y avoir de négociation directe avec Israël sans arrêt de la colonisation.
Le comité va se réunir «dans un mois pour examiner les solutions proposées par le président Abbas pour déterminer les mesures nécessaires qui doivent être prises à ce sujet».
Selon l'un des participants à la réunion, les solutions proposées par Abbas en cas d'échec des négociations sont: demander à l'administration américaine de reconnaître un État palestinien dans les frontières de 1967, recourir à cette fin au Conseil de sécurité de l'ONU, ou demander à l'assemblée générale de l'ONU que les territoires occupés soient mis sous tutelle internationale.
Par ailleurs, le comité soutient la position du président palestinien appelant à un arrêt total de la colonisation de façon à permettre la poursuite des négociations directes.
Les négociations de paix relancées le 2 septembre à Washington après 20 mois de suspension sont menacées par la reprise de la construction par Israël dans les colonies juives de Cisjordanie occupée fin septembre, après un moratoire de dix mois.
Les États-Unis, qui comme la communauté internationale ont appelé à un nouveau moratoire sur la colonisation, font pression pour que les pays arabes continuent de soutenir les négociations.
Pour les Palestiniens, la colonisation vide de son sens la négociation sur les frontières d'un futur État palestinien, en créant des faits accomplis qui risquent d'être irréversibles.
«Très, très négative»
La Ligue arabe a jugé l'attitude de l'État juif «très, très négative», selon son secrétaire général, l'ex-ministre égyptien des Affaires étrangères Amr Moussa.
Mais, a-t-il précisé, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue laisseront à Abbas les mains libres pour poursuivre ou rompre ces négociations directes qu'il a engagées sous la pression et l'égide des États-Unis. En attendant, les pays membres, qui avaient vainement avancé en 2002 un plan prévoyant la paix avec Israël contre son retrait de tous les territoires arabes occupés en 1967, s'efforceront d'esquisser «des solutions tenant compte du fait que les négociations ne portent pas leurs fruits», a dit Moussa.
Mahmoud Abbas assure qu'il est désireux de continuer à négocier, mais dit ne pouvoir le faire tant que la construction de nouvelles habitations pour les colons juifs ne sera pas gelée pour «trois ou quatre mois de plus afin de donner une chance à la paix».
Benjamin Nétanyahou lui rétorque que son désistement pour un motif selon lui sans rapport avec l'issue possible des discussions — un accord pour mettre un terme à soixante ans de conflit et créer un Etat palestinien — serait dramatique pour les efforts de paix.
Le président égyptien, Hosni Moubarak, qui soutient les efforts de médiation américains, a mis en garde contre «une escalade de la violence et du terrorisme dans la région et dans le monde si les pourparlers échouent».
Mahmoud Abbas doit lui-même prononcer un discours aujourd'hui en session plénière pour exposer ce que seraient selon lui les perspectives pour la région en cas de nouvel échec des efforts actuels pour raviver le processus de paix.
Les médias américains rapportent que Washington a fait des propositions très généreuses à Israël en matière de sécurité afin de persuader Benjamin Nétanyahou de proroger le moratoire d'au moins deux mois, mais jusqu'à présent en vain.
Les États-Unis, qui comme l'Union européenne, n'envisagent d'autres perspectives que la poursuite du dialogue direct entre les deux parties, s'efforcent de sauver du naufrage le processus relancé en septembre, qui n'a produit que trois rencontres entre Nétanyahou et Abbas.