Olmert croit possible un accord de paix avec la Palestine

Paris — Le premier ministre israélien, Éhoud Olmert, a affiché hier à Paris son optimisme sur les chances d'un accord de paix avec les Palestiniens, en dépit de l'absence de progrès dans les négociations et de ses démêlés avec la justice.
«Les négociations [entre Israéliens et Palestiniens] sont très sérieuses. Il y a des problèmes, des obstacles», mais «nous n'avons jamais été aussi proches d'un accord» de paix, a déclaré M. Olmert à l'issue d'une rencontre au palais de l'Élysée avec le président palestinien, Mahmoud Abbas, en présence du chef de l'État français, Nicolas Sarkozy.«Nous approchons de l'heure où nous devrons faire des choix décisifs» et prendre des «décisions graves, importantes, qui nous amèneront à un stade où nous n'avons jamais été», a ajouté M. Olmert, venu à Paris participer, tout comme M. Abbas, au sommet du lancement de l'Union pour la Méditerranée (UPM).
L'assurance affichée par M. Olmert tranche avec le scepticisme qui prévaut dans la région au sujet des chances d'un accord israélo-palestinien, faute d'une percée depuis la relance des négociations en novembre à Annapolis, aux États-Unis.
Les pourparlers, censés aboutir avant la fin de l'année, achoppent notamment sur la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
M. Olmert, de surcroît, est politiquement affaibli et poussé à la démission en raison de son implication présumée dans plusieurs affaires de corruption, dont la dernière en date, portant sur une escroquerie pour des billets d'avion, a éclaté juste avant son départ pour Paris.
Mais, comme si de rien n'était, M. Olmert a aussi émis l'espoir de nouer des négociations directes avec la Syrie «prochainement», après une série de trois séances de pourparlers indirects par l'entremise de la Turquie.
«Le volet syrien ne se fera pas au détriment de celui avec les Palestiniens, qui reste pour nous une priorité absolue», a affirmé M. Olmert, qui s'est aussi inquiété du «danger» que pose selon lui l'Iran, soupçonné par l'Occident de vouloir se doter de l'arme nucléaire.
Selon son entourage, il a aussi promis à M. Abbas la libération d'un nouveau groupe de prisonniers palestiniens, sans toutefois avancer leur nombre ou une date.
M. Abbas a pour sa part affirmé que «la paix au Proche-Orient est la base de la paix dans le monde». «Si on n'y parvient pas prochainement, le monde ne connaîtra pas la stabilité», a-t-il averti.
Il a affirmé que M. Sarkozy pouvait «jouer un rôle important dans le processus de paix», faisant notamment valoir que le président français était «un grand ami des Palestiniens et des Israéliens».
MM. Abbas et Olmert ont été reçus à l'Élysée à quelques heures du lancement de l'UPM à Paris, où sont attendus une quarantaine de chefs d'État et de gouvernement.
Selon M. Sarkozy, «l'objectif de l'UPM, c'est que, dans cette région de la Méditerranée, on apprenne à s'aimer plutôt qu'à se détester et à se faire guerre». M. Olmert a estimé que le sommet du lancement de l'UPM représentait «un moment extraordinaire». «Je ne me souviens pas d'une telle rencontre réunissant autant de dirigeants arabes avec ceux d'Israël dans une atmosphère de dialogue, pas de controverse», a-t-il assuré.
Après la rencontre tripartite et les déclarations faites à la presse, MM. Abbas et Olmert se sont vus en tête-à-tête dans les salons de l'Élysée. Selon le négociateur palestinien, Saëb Erakat, M. Abbas a demandé à M. Olmert, lors de cet entretien, «l'arrêt de la colonisation et des incursions israéliennes en Cisjordanie».
M. Olmert a pour sa part promis de libérer un nouveau groupe de prisonniers palestiniens, comme le lui demandait M. Abbas, a-t-on appris dans l'entourage du premier ministre israélien. Les deux dirigeants se sont revus une nouvelle fois dans l'après-midi en marge du sommet de l'UMP, en présence des négociateurs israéliens et palestiniens, selon M. Erakat.