Manifs contre le mur israélien

Nilin — Des heurts ont opposé hier des soldats israéliens à quelque 200 personnes qui manifestaient en Cisjordanie contre la barrière de séparation israélienne, à l'occasion du 4e anniversaire de l'avis de la Cour internationale de justice (CIJ) la jugeant illégale.

Au moins sept personnes, dont des activistes étrangers, ont été blessées par des balles de caoutchouc tirées par les soldats à Nilin, un village de l'ouest de Ramallah, a affirmé Salah al-Khawaja, un des organisateurs de la protestation.

Des dizaines de manifestants ont lancé des pierres et sont montés sur des bulldozers israéliens participant à la construction d'un tronçon de la barrière à Nilin avant que des soldats israéliens tirent des gaz lacrymogènes pour les disperser.

Un porte-parole de l'armée israélienne a fait état d'«émeutes violentes» à Nilin. Un soldat et un ouvrier employé sur le chantier de la barrière ont été blessés par des tirs de pierre, a-t-il dit.

«Notre objectif est de stopper les bulldozers» et de «marquer l'anniversaire de la décision de la Cour de La Haye», a souligné M. Khawaja. «Qu'espèrent les Israéliens des agriculteurs quand ceux-ci voient leurs arbres déracinés? Ils veulent juste pouvoir vivre.»

Le premier ministre palestinien, Salam Fayyad, a de son côté condamné les opérations militaires à Nilin, qui avait été placé sous couvre-feu pendant plusieurs jours par l'armée en réaction aux manifestations hebdomadaires.

«Israël poursuit ses campagnes militaires visant à finir la construction du mur, spécialement dans le village de Nilin, qui a été la cible d'une action militaire barbare en réponse à des manifestations pacifiques», a dit M. Fayyad à Ramallah.

Près de Bethléem, environ 150 personnes ont également manifesté. Des échauffourées ont éclaté avec des soldats israéliens sans faire de victimes.

D'autres manifestations se sont déroulées près de Tulkarem et de Qalqiliya à l'occasion du 4e anniversaire de l'avis rendu le 9 juillet 2004 par la CIJ jugeant illégale la construction de cette barrière et exigeant son démantèlement. Israël n'a pas tenu compte de ces demandes.

L'ONG israélienne B'Tselem a pour sa part dénoncé le fait que l'État hébreu n'ait pas procédé aux modifications sur le tracé de la barrière de séparation en Cisjordanie ordonnées ces dernières années par la Cour suprême israélienne.

«La Cour suprême a annulé trois tronçons [du mur], sur la base qu'elles nuisaient de manière disproportionnée aux Palestiniens et a ordonné à l'État de les déplacer. L'État n'a toujours pas déplacé la barrière dans ces secteurs», a affirmé la principale organisation israélienne de défense des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés.

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