Une médiation des Nations unies - Israël et le Hezbollah signent un accord d'échange de prisonniers

Des soldats israéliens exhumaient hier les corps de combattants du Hezbollah dans un cimetière du nord du pays.
Photo: Agence Reuters Des soldats israéliens exhumaient hier les corps de combattants du Hezbollah dans un cimetière du nord du pays.

Israël et le Hezbollah ont signé un accord d'échange de prisonniers grâce à une médiation des Nations unies, et la date de l'échange sera fixée cette semaine, a-t-on appris hier de source politique libanaise et auprès des services du premier ministre israélien, Éhoud Olmert.

À la suite de l'entente, l'armée israélienne a entamé hier l'exhumation, dans un cimetière du nord d'Israël, des corps de dizaines de militants libanais.

Selon la source libanaise, le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, et le premier ministre israélien ont tous deux signé cet accord, aux termes duquel l'État juif relâchera cinq prisonniers libanais tandis que le Hezbollah remettra deux soldats israéliens.

Le Hezbollah a capturé les deux réservistes, Éhoud Goldwasser et Eldad Regev, lors d'un raid en Israël qui a déclenché une guerre en été 2006 entre le mouvement islamiste et Israël. Le Hezbollah n'a donné aucune nouvelle d'eux, mais on pense généralement qu'ils sont morts. Selon la source libanaise, l'échange devrait intervenir d'ici au milieu de la semaine prochaine.

Le gouvernement israélien a précisé dans un communiqué que le sort de cet accord dépendait d'un certain nombre de détails encore en cours de finalisation.

Dans le cadre de l'accord, qui a été négocié par un agent du renseignement allemand, Israël devra aussi remettre les corps de quelque 200 Arabes tués pendant qu'ils s'infiltraient dans le nord d'Israël, et le Hezbollah pourrait restituer les restes de soldats israéliens tués en 2006 dans le sud du Liban. Un responsable militaire israélien a déclaré qu'Israël avait commencé à exhumer les corps hier.

Le cimetière d'Amiad pour les combattants ennemis, situé près de la frontière israélo-libanaise, a été déclaré zone militaire fermée et la presse n'y a pas accès.

Parmi les prisonniers libanais figure Samir Qantar, le plus connu à être incarcéré en Israël. Il a été condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir tué un policier ainsi qu'un homme et sa fillette de quatre ans, lors d'un raid mené en 1979 contre Nahariya, ville côtière du nord d'Israël.

Nasrallah a déclaré la semaine dernière qu'il s'attendait à ce que l'échange intervienne vers le milieu du mois.

L'accord avec le Hezbollah a suscité un vif débat en Israël. L'opinion est partagée entre la doctrine de Tsahal, consistant à tout mettre en oeuvre pour récupérer un soldat tombé sur le champ de bataille ou aux mains de l'ennemi, et l'énorme concession que représente la libération d'un terroriste condamné.

Smadar Haran Kaiser, dont la famille a été décimée par Samir Kantar, s'est déclarée bouleversée par la décision du gouvernement israélien, qu'elle dit cependant comprendre. «Ce misérable assassin Kantar n'a jamais été mon prisonnier personnel, mais celui de l'État», a-t-elle expliqué le 29 juin.

La famille d'un des policiers tués par Samir Kantar a par contre demandé à la Cour suprême israélienne de bloquer l'échange de prisonniers. Il semble cependant improbable que la haute instance intervienne dans cette affaire.

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