Israël prépare l'opinion à une invasion de Gaza
Ashkelon — Israël prépare l'opinion à une invasion de Gaza, pour faire cesser les tirs de roquettes du Hamas. Le vice-ministre de la Défense Matan Vilanai a déclaré hier que l'État hébreu n'a «plus d'autre choix» que de lancer une vaste offensive terrestre, alors que le Mouvement de la résistance islamique prend désormais pour cible la ville israélienne d'Ashkelon.
«Alors que les tirs de roquettes s'accroissent et que leur portée augmente, ils [le Hamas] s'attirent sur eux une plus grande "shoah", parce que nous utiliserons toute notre force de toutes les manières que nous jugerons appropriées, qu'il s'agisse de bombardements aériens ou au sol», a lancé Matan Vilnai à la radio armée israélienne.Conscient de la polémique que l'emploi de ce terme est susceptible de provoquer, un porte-parole de Matan Vilnai, Eitan Ginzburg, a déclaré que le vice-ministre de la Défense n'a jamais voulu faire allusion à l'Holocauste.
Le mot hébreu «shoah» est le plus souvent associé à l'Holocauste, mais les Israéliens l'utilisent aussi pour désigner toutes sortes de désastres.
«Le ministre a usé en hébreu du terme "shoah", qui signifie "catastrophe", un terme qui dans ce contexte ne se réfère pas à la Shoah, l'Holocauste», a déclaré à l'AFP son porte-parole Eitan Ginzburg, faisant allusion au génocide des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Le porte-parole s'est élevé «contre cette traduction fallacieuse» par certains médias, soulignant qu'il suffisait «de consulter n'importe quel dictionnaire pour se rendre compte qu'elle était erronée».
Jeudi, Ashkelon, ville de 120 000 habitants située à 17 km au nord de la bande de Gaza, a été atteinte directement par des roquettes. L'un des projectiles s'est écrasé près d'un établissement scolaire, blessant une adolescente de 17 ans. Selon un haut responsable israélien, les roquettes tirées jusqu'à présent sur Ashkelon sont des Grad d'une portée de 22 km, importées d'Iran.
Le mouvement islamiste, poursuit ce responsable, ne dispose pas de stocks importants et améliore ses propres roquettes Qassam, qui peuvent être produites en masse à Gaza. Les nouveaux modèles pourraient avoir, d'ici la fin de l'année, une portée de 20 km, contre 16 km aujourd'hui, ce qui permettrait d'atteindre Ashkelon. Selon Shlomo Brom, spécialiste israélien des questions de défense, ceci accélérerait une invasion de Gaza, car «Israël ne peut pas se permettre qu'Ashkelon devienne un second Sderot».
Le pouvoir politique israélien a jusqu'à présent repoussé l'idée d'une invasion de Gaza, redoutant les pertes militaires et civiles qu'une opération de ce type risque d'entraîner. Mais à présent, vu la dégradation de la situation, la perspective d'une offensive militaire de grande ampleur est «réelle et tangible» et «n'effraie pas» l'État hébreu, a affirmé jeudi devant ses chefs militaires le ministre israélien de la Défense israélienne Éhoud Barak, cité par un des participants.
Le ministre a martelé le message hier, déclarant que les attaques sur Ashkelon «exigent des représailles». Selon des responsables israélien de la Défense, les plans pour une vaste offensive terrestre sont prêts et l'état-major n'attend plus que le feu vert du gouvernement.
Selon ces responsables, l'État hébreu n'envisage pas toutefois de lancer une telle offensive au cours de la semaine ou de la quinzaine qui viennent: le commandement israélien, disent-ils, préférerait notamment attendre de meilleures conditions météorologiques.
Hier, parallèlement, l'aviation et des chars israéliens étaient en action dans le nord du territoire palestinien. Selon le Hamas, 15
Palestiniens ont été blessés, dont quatre enfants. Depuis mercredi, une série de bombardements de l'aviation israélienne ont fait 32 morts parmi les Palestiniens. Ces raids ont fait suite à des tirs du Hamas sur Sderot qui ont fait un mort mercredi, le premier depuis mai 2007.