Gaza, sous blocus, est dans le noir
Gaza — La bande de Gaza, totalement bouclée par Israël en représailles aux tirs de roquettes palestiniennes, était frappée hier par d'importantes coupures d'électricité qui risquaient de s'aggraver avec l'arrêt en soirée, faute de carburant, de l'unique centrale électrique du territoire.
Le cabinet israélien a décidé hier de maintenir le bouclage malgré les appels internationaux le pressant de reprendre les approvisionnements pour éviter une crise humanitaire.Depuis jeudi soir, Israël a cessé les fournitures de carburants, de produits alimentaires et humanitaires à Gaza, un territoire pauvre dont les 1,5 million d'habitants dépendent entièrement de l'aide extérieure. Hier matin, la plupart des quartiers de la ville de Gaza — où vivent plus de 400 000 personnes — étaient privés de courant alors que les stocks de gaz domestique et de fioul, nécessaires pour le fonctionnement des générateurs, étaient épuisés, selon un correspondant de l'AFP.
Graves conséquences
En soirée, la seule centrale électrique de Gaza, alimentée au fioul et qui fournit jusqu'à 30 % de l'électricité du territoire, s'est arrêtée faute de carburant.
«Cette fermeture va avoir de très graves conséquences pour les habitants, mais aussi pour le fonctionnement des hôpitaux, des stations de pompage d'eau», a prévenu son directeur, Rafik Mliha. Début décembre, Israël avait réduit ses fournitures de carburant à la bande de Gaza, forçant la centrale électrique du territoire à diminuer de moitié sa production.
Hier, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé Israël à lever «immédiatement» le bouclage et a menacé de porter l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'ONU. À Ramallah (Cisjordanie), siège de l'Autorité palestinienne, plusieurs centaines de Palestiniens se sont rassemblés dans le centre-ville en brandissant des bougies allumées en signe de soutien aux habitants de Gaza.
Des manifestations ont aussi eu lieu dans des camps palestiniens au Liban. «Le peuple palestinien meurt sous les yeux des Arabes», clamait une banderole.
La Ligue arabe doit tenir aujourd'hui une réunion d'urgence au niveau de ses délégués permanents pour examiner la situation.
L'agence de l'ONU pour les réfugiés à Gaza (Unrwa) a dénoncé le bouclage, mettant en garde contre ses «effets dévastateurs».
«Priver les gens de choses fondamentales comme l'eau revient à les priver de la dignité humaine. Il est difficile de comprendre la logique qui consiste à faire souffrir des centaines de milliers de personnes pour rien», a critiqué son porte-parole, Christopher Gunness.
Des responsables au sein du ministère de la Défense, cités par la radio militaire, ont affirmé qu'Israël continuait à fournir 75 % des besoins du territoire en électricité.