Un haut responsable de l'armée est assassiné au Liban

Beyrouth — L'explosion d'une voiture piégée, hier matin dans un faubourg chrétien de Beyrouth, a causé la mort du général libanais François El Hadj, pressenti pour remplacer le chef des armées Michel Souleïmane qui pourrait être élu président du pays la semaine prochaine. Cet attentat déstabilise encore davantage un pays plongé dans une grave crise politique et privé de président depuis près de trois semaines.
L'attentat de Baabda met en évidence une montée des tensions au pays du Cèdre, où la bataille pour la présidence alimente une crise politique sans précédent depuis la guerre civile de 1975-90.Hadj, chef des opérations de l'armée, est la neuvième victime d'une série d'assassinats qui a débuté avec celui de l'ex-premier ministre Rafic Hariri en février 2005. Le plus récent avait causé la mort du député chrétien Antoine Ghanem le 19 septembre.
De la coalition gouvernementale antisyrienne à l'opposition dominée par le Hezbollah, la classe politique libanaise a dénoncé le nouvel attentat, tout comme les États-Unis, la France, l'Allemagne, la Syrie et l'Iran.
Des dirigeants politiques et religieux ont réagi à l'attentat en soulignant la nécessité d'élire Souleïmane à la présidence au plus tôt, le premier ministre Fouad Siniora notant que l'armée était prise pour cible à cause du rôle qu'elle joue pour préserver la sécurité du pays.
Aucun groupe n'a revendiqué l'assassinat de Hadj. Certains dirigeants politiques libanais accusent la Syrie d'être à l'origine d'attentats commis précédemment, ce que nie Damas.
Hadj avait joué un rôle majeur dans la victoire remportée début septembre sur les activistes proches d'al-Qaïda au camp de réfugiés palestinien de Nahr al Bared, dans le nord du Liban. La bataille avait fait 168 morts parmi les militaires et 230 environ parmi les activistes.
Baabda, faubourg prospère de l'est de Beyrouth, abrite le palais présidentiel et plusieurs ambassades.
Selon la sécurité libanaise, une bombe de 35 kilos placée dans une BMW vert olive a été déclenchée à distance au passage du véhicule.
La déflagration a détruit la voiture du général, mis le feu à d'autres et endommagé des bâtiments voisins. Des débris métalliques calcinés étaient éparpillés dans les rues.
«Une fois qu'il a été désigné pour prendre la tête [de l'armée], ils l'ont tué», a dit aux journalistes le père de Hadj, Elias, au village de la victime, Rmeich (Liban sud).
Des villageois ont hissé des drapeaux noirs et exposé des emblèmes militaires à Rmeich, où les écoles ont fermé pour un deuil de trois jours. Hadj, qui était l'aîné de 12 enfants, venait d'une famille de planteurs de tabac.