Iran: les «Six» discutent de sanctions
Paris — Les «Six» en charge du dossier nucléaire iranien se sont réunis hier à Paris pour tenter de trouver un accord sur des sanctions à imposer à Téhéran, qui refuse de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium et a mis en garde contre un «acte d'hostilité». La réunion a commencé vers 18h au ministère français des Affaires étrangères, au niveau des directeurs politiques.
Elle devait être suivie d'un dîner permettant d'approfondir la discussion en cas de désaccord persistant sur le texte d'un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU infligeant des sanctions à Téhéran.Alors que les appels se multiplient pour que les Six (États-Unis, Russie, Chine, France, Allemagne, Royaume-Uni) surmontent leurs divergences après plusieurs réunions infructueuses, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a haussé le ton quelques heures avant la rencontre de Paris.
Il s'est adressé en particulier aux Européens, les prévenant que leurs relations avec Téhéran seraient menacées en cas d'«acte d'hostilité» qui mettrait en cause «le droit de la nation iranienne» au nucléaire.
Le principal négociateur iranien sur ce dossier, Ali Larijani, a renchéri, avertissant que «si cette résolution a pour but de stopper le programme nucléaire iranien, ça ne servira à rien».
Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, qui s'était dit convaincu lundi que les Six étaient prêts à «trouver un accord», est apparu nettement moins optimiste hier au moment de la rencontre. «Je ne sais pas si on aura un accord ce soir», a-t-il déclaré, appelant la communauté internationale à «l'unité».
Le sous-secrétaire américain Nicholas Burns, qui représentait les États-Unis à la réunion, a lui aussi prédit qu'il n'y aurait pas de «percée» majeure.
Le projet mis au point par les Européens prévoit des sanctions économiques contre l'Iran dans les domaines liés au nucléaire et aux missiles balistiques, ainsi que des sanctions individuelles — interdiction de voyager et gel des avoirs financiers à l'étranger — contre les Iraniens associés à ces activités.
La Russie, soutenue par la Chine, a estimé jusqu'à maintenant que le texte européen était trop dur, proposant des amendements pour restreindre son champ d'application. Moscou s'est opposé à toute sanction individuelle et a souhaité que les mesures ne soient prises que pour un temps limité.
«Vitesse supérieure»
Les États-Unis voudraient au contraire durcir le texte, au moins dans sa formulation, malgré les réticences de la Russie et de la Chine, qui entretiennent d'importants liens commerciaux avec l'Iran.
«Nous avons vraiment besoin que la Russie et la Chine passent à la vitesse supérieure», a assuré M. Burns. «Il y a encore des points sur lesquels il peut y avoir des négociations, notamment sur les mesures individuelles», un sujet qui oppose Américains et Russes, a fait valoir un diplomate français.
Les Européens se disent d'autant plus déterminés à faire avancer le dossier à l'ONU qu'ils ont présenté récemment aux Russes, aux Chinois et aux Américains un projet de texte censé prendre en compte «les préoccupations des uns et des autres».
Selon un diplomate français, il s'agit désormais de «préserver la crédibilité du Conseil de sécurité» face à l'Iran. Plus de trois mois se sont écoulés depuis l'expiration de la date butoir — le 31 août — fixée à l'Iran par la résolution 1696 du Conseil de sécurité pour suspendre l'enrichissement sous peine de sanctions. Les Six soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous le couvert du développement de son programme nucléaire civil.