Liban: le mouvement de protestation contre le gouvernement Siniora ne s'apaise pas

L’opposition s’est rassemblée dans le village de tentes improvisé non loin du siège du gouvernement.
Photo: Agence Reuters L’opposition s’est rassemblée dans le village de tentes improvisé non loin du siège du gouvernement.

Beyrouth — La crise politique ne montrait aucun signe d'apaisement hier au Liban, où l'opposition pro-syrienne était déterminée à poursuivre son mouvement de protestation pour faire chuter le gouvernement antisyrien du premier ministre Fouad Siniora.

Des dizaines de milliers de partisans du Hezbollah pro-syrien et de ses alliés de l'opposition, dont certains chrétiens, ont observé hier un sit-in pour la troisième journée de protestation à Beyrouth, dans le village de tentes improvisé non loin du siège du gouvernement, où se trouvent Siniora et plusieurs de ses ministres.

«Nous resterons sur cette place. Nous ne bougerons pas tant que ce gouvernement illégal et non conforme à la constitution ne sera pas parti», a déclaré une personnalité de l'opposition chrétienne pro-syrienne, Souleiman Franjié. «Notre unique revendication, c'est un gouvernement d'union nationale», a-t-il lancé à la foule.

Le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa, est arrivé à Beyrouth pour y rencontrer des responsables libanais et faire part des inquiétudes du monde arabe devant la crise agitant le pays du Cèdre. «La stabilité du Liban et une sortie de crise permettant d'assurer l'avenir et la sécurité de ce pays fait partie de nos préoccupations», a-t-il dit. «Nous sommes tous inquiets de la situation au Liban».

Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a déclaré hier à Jérusalem qu'il comptait, aujourd'hui même à Damas, transmettre un message de fermeté au président syrien Bachar el Assad, demandant à la Syrie de ne pas s'ingérer dans les affaires du Liban.

Un tel scénario inquiète au plus haut point Israël qui a suivi avec inquiétude la situation au Liban. Le gouvernement estime la situation peut avoir «des conséquences directes» sur l'État hébreu qui a mené une guerre cet été contre le mouvement chiite libanais. Le ministre de l'Habitat, Meïr Sheetrit, a pour sa part évoqué la possibilité que la Syrie «se serve du Hezbollah pour prendre le contrôle du gouvernement libanais, ce qui permettrait à l'Iran de prendre en main le Liban».

Dans ce contexte, l'armée a reçu l'ordre de renforcer l'état d'alerte à la frontière nord de crainte que le Hezbollah tente d'organiser des manifestations dans la région frontalière, selon la radio publique.

Le cabinet sécuritaire israélien a aussi donné son feu vert hier au déploiement de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) dans la partie libanaise du village frontalier de Ghajar, dernière portion de territoire encore occupé à la suite de la guerre de l'été.

Soutien de Rice

Hier, de très nombreux partisans du Mouvement patriotique libre du général chrétien Michel Aoun, allié des chiites du Hezbollah, ont assisté à une messe célébrée en la cathédrale maronite Saint-George de Beyrouth. Le drapeau libanais frappé du cèdre vert flottait en face de l'édifice avec l'inscription «Mouvement patriotique libre».

Le premier ministre a réaffirmé samedi qu'il ne céderait pas à la pression de la rue. Il a reçu l'appui de Steinmeier et de la secrétaire britannique au Foreign Office Margaret Beckett. De nombreux dirigeants européens et arabes l'ont également assuré de leur soutien.

Les services de Siniora ont précisé que le premier ministre avait reçu un appel téléphonique de la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice qui l'avait assuré de son soutien. Le dirigeant druze antisyrien Walid Djoumblatt a pour sa part déclaré: «Nous serons fermes, pacifiques et démocrates».

Malgré le blocus des rues du centre-ville, le marathon de Beyrouth, programmé de longue date, s'est finalement déroulé sans anicroche dans les quartiers périphériques de la capitale avec, pour slogan, «Pour l'amour du Liban».

Vendredi, des centaines de milliers de partisans du Hezbollah chiite et de ses alliés — le mouvement chiite Amal et les partisans du général Michel Aoun — avaient défilé dans les rues de Beyrouth pour demander la démission du gouvernement pro-occidental.

Le Hezbollah, soutenu par la Syrie et l'Iran, réclame la démission du gouvernement Siniora qu'il présente comme un auxiliaire fantoche des États-Unis. Les dirigeants antisyriens qui contrôlent le cabinet accusent le mouvement islamiste chiite et ses alliés de préparer un coup de force.

Reuters avec l'AFP

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