La Russie promet une réponse très «ferme» à d’autres incursions

« Je veux leur prouver que l’on peut lutter contre les tyrans et que le pouvoir de Poutine n’est pas illimité », a affirmé mercredi dans le nord de l’Ukraine Denis Kapoustine, du « Corps des volontaires russes » (dont on voit ici des combattants).
Sergey Bobok Agence France-Presse « Je veux leur prouver que l’on peut lutter contre les tyrans et que le pouvoir de Poutine n’est pas illimité », a affirmé mercredi dans le nord de l’Ukraine Denis Kapoustine, du « Corps des volontaires russes » (dont on voit ici des combattants).

La Russie a promis mercredi une réponse « extrêmement ferme » en cas de nouvelles incursions armées, au surlendemain de la plus grave attaque de groupes venus d’Ukraine sur le territoire russe depuis le début du conflit entre les deux pays.

Quatre jours après avoir revendiqué la capture de Bakhmout, épicentre des combats depuis des mois dans l’est de l’Ukraine, le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a pour la première fois donné une estimation des pertes de son organisation.

Selon lui, environ 10 000 hommes sur les 50 000 détenus qu’il a recrutés dans les prisons ont été tués, et une proportion similaire de ses combattants professionnels.

Deux jours après l’incursion surprise de deux groupes venus d’Ukraine, la réponse publique de l’état-major russe était attendue : le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a livré mercredi un message de « fermeté » lors d’une réunion avec des hauts gradés militaires.

« Nous continuerons de répondre rapidement et de manière extrêmement ferme à de telles actions », a affirmé M. Choïgou, cible de critiques violentes de M. Prigojine.

Mardi, son armée avait dit avoir « écrasé » avec son aviation et son artillerie un groupe ayant attaqué la veille la région frontalière de Belgorod, la plus spectaculaire incursion en territoire russe depuis l’invasion de l’Ukraine.

Revendiquée par des groupes armés russes basés en Ukraine qui disent vouloir renverser Vladimir Poutine, cette attaque représente un nouvel épisode embarrassant pour la Russie, dont l’armée est empêtrée dans un conflit de 15 mois.

« Encouragés » par l’Ukraine

Les combattants en question se sont exprimés devant la presse, mercredi dans le nord de l’Ukraine, en vantant le « succès » de leur opération, qui montre selon eux la faiblesse des défenses russes.

« Je veux leur prouver que l’on peut lutter contre les tyrans et que le pouvoir de Poutine n’est pas illimité », a affirmé Denis Kapoustine, du Corps des volontaires russes, figure connue du milieu hooligan et de l’extrême droite en Russie, passé côté ukrainien.

Si l’Ukraine a nié toute responsabilité dans cette incursion, M. Kapoustine a assuré que Kiev les avait « encouragés », sans pour autant fournir armes ou équipement.

Cet incident est survenu dans un contexte de multiplication et d’amplification des attaques et des sabotages en Russie, au moment où Kiev dit achever ses préparatifs d’une offensive par laquelle il tentera de reprendre les territoires occupés par Moscou.

Il a fallu plus de 24 heures aux troupes russes avant d’annoncer « l’élimination totale » des combattants venus d’Ukraine, après la brève instauration d’un régime « antiterroriste » au niveau local.

Ces affirmations étaient invérifiables de source indépendante.

 

Selon les autorités russes, au cours de l’incursion, un civil a été tué et une femme est décédée d’insuffisance cardiaque lors de son évacuation.

La Russie a également rapporté mercredi l’attaque d’un de ses navires de guerre perpétrée par des vedettes sans pilote ukrainiennes alors que le bâtiment se trouvait en patrouille dans la zone économique exclusive de la Turquie.

Défense « incapable »

Dans la région de Belgorod, théâtre de cette percée de Russes anti-Poutine, de « nombreuses » attaques de drones ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, selon le gouverneur local, après une série de bombardements survenus dans les derniers jours.

« La nuit n’a pas été vraiment tranquille. Il y a eu de nombreuses attaques de drones. La défense antiaérienne s’est occupée d’une grande partie d’entre elles », a indiqué Viatcheslav Gladkov, précisant que neuf civils blessés dans les deux derniers jours restaient hospitalisés, dont trois en réanimation.

Après avoir exprimé mardi sa « profonde préoccupation », la présidence russe a changé de ton mercredi, assurant ne pas s’inquiéter outre mesure.

« Nos militaires, nos gardes-frontières et les services compétents font leur travail », a juré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le patron de Wagner a, lui, multiplié comme à son habitude les critiques envers l’armée russe et le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.

« Les groupes de reconnaissance et de sabotage pénètrent dans la région de Belgorod en toute tranquillité. Notre défense est totalement incapable de les contrer », a-t-il lancé dans une entrevue mercredi.

« Quelle garantie avons-nous qu’ils ne viendront pas demain sur Moscou ? » a-t-il ajouté.

Sur le plan judiciaire, cinq étrangers, dont trois Britanniques, tous libérés dans le cadre d’un échange de prisonniers en septembre 2022, seront jugés par contumace en Russie à partir du 31 mai pour avoir combattu pour Kiev, a annoncé mercredi le tribunal russe devant les juger.

Le président lituanien fait une mise en garde contre tout « compromis »

Le président lituanien, Gitanas Nausėda, a fait une mise en garde mercredi à Paris contre tout « compromis » vis-à-vis de la Russie dans le conflit en Ukraine. « Il faut que nous restions, dans notre monde démocratique, unis », a-t-il lancé, aux côtés de son homologue français, Emmanuel Macron.

« Nous vivons en des temps où il est important d’être du bon côté de l’histoire et où il n’y a pas de place pour les compromis et les zones grises, a souligné le président lituanien, dont le pays accueillera les 11 et 12 juillet le prochain sommet de l’OTAN, à Vilnius. Nous devons dire que le blanc, c’est blanc, et le noir, c’est noir, le dire et lutter très fortement contre les parts sombres. »

Le président français a suscité de vives critiques et interrogations, notamment dans les États baltes, en appelant les autorités à ne « pas humilier » la Russie et à lui accorder des « garanties » de sécurité une fois la paix revenue en Ukraine.

La guerre en Ukraine est « une lutte entre le totalitarisme et la démocratie, et nous sommes persuadés qu’en étant engagés et unis, nous gagnerons cette lutte », a souligné Gitanas Nausėda. Emmanuel Macron a rappelé de son côté « l’engagement ferme et déterminé de la France en faveur de la sécurité et de la stabilité de la Lituanie et toute la région baltique ».

Des militaires français sont régulièrement déployés en Lituanie pour des missions de police du ciel face à la Russie, et leur prochain déploiement aura lieu en décembre, a-t-il indiqué.

Agence France-Presse



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