Macron vante une France qui «avance» après la crise des retraites

« Le pays avance » : Emmanuel Macron a voulu montrer lundi que la page des retraites commençait à être tournée au terme d’une série d’annonces sur la réindustrialisation, fort du coup de pouce du milliardaire Elon Musk qui lui a fait miroiter un investissement en France.
« Je suis confiant dans le fait que Tesla fera des investissements significatifs en France à l’avenir », a lancé, sans plus de détail, le patron de la société pionnière dans les voitures électriques, après avoir été notamment reçu par le chef de l’État à l’Élysée.
Celui qui est aussi patron de SpaceX et actionnaire majoritaire de Twitter s’est dit « impressionné par l’accueil réservé par le président Macron et le gouvernement français à l’industrie ».
Elon Musk était en France pour la sixième édition de « Choose France », qui a réuni lundi plus de 200 patrons étrangers au château de Versailles et a permis d’annoncer 28 projets à capitaux étrangers pour un total de 13 milliards d’euros, avec 8000 emplois directs à la clé. Un record depuis la première édition en 2018 de ce rendez-vous annuel voulu par Emmanuel Macron.
Mis en difficulté depuis le début de l’année par la crise des retraites, le président cherche à rebondir politiquement et il multiplie les déplacements et annonces sur la revitalisation de l’industrie française, en particulier dans le domaine des voitures électriques.
« On avance et il y a une détermination », « le pays continue à créer », a-t-il lancé dans un entretien au journal télévisé de 20 h à TF1, insistant une nouvelle fois, comme il l’a fait à maintes reprises depuis une semaine, sur la « constance » de sa politique économique pour baisser le coût du travail et attirer les investisseurs, tout en accélérant la transition écologique.
« Même quand il y a des contestations, on ne change pas, on ne fait pas tête à queue », a-t-il plaidé, « les investisseurs voient la force de ce qu’on a fait ».
Baisses d’impôts à l’horizon
Il a esquissé d’autres bonnes nouvelles pour les Français.
En promettant de « concentrer » sur « les classes moyennes » les deux milliards d’euros de baisses d’impôts pour les ménages prévus d’ici 2027, même s’il n’a donné ni détail ni date précise. Et en se fixant l’objectif « qu’on absorbe » l’inflation sur les produits alimentaires qui rogne le pouvoir d’achat « d’ici à l’automne ».
Emmanuel Macron, qui doit entamer cette semaine un nouveau chapitre diplomatique avec plusieurs déplacements internationaux, a aussi récusé toute forme de « mépris » à l’égard des Français.
Les « casserolades », ces concerts de casseroles qui accompagnent ses déplacements, se sont progressivement faites moins audibles, alors que les syndicats s’apprêtent mardi à reprendre le dialogue avec l’exécutif.
Outre Elon Musk, étaient notamment invités à Choose France Sunil Bharti Mittal, président du groupe diversifié indien Bharti Entreprises, Lakhsmi Mittal, le président exécutif d’ArcelorMittal, ou encore Pekka Lundmark, le p.d-.g. de Nokia.
Batteries et panneaux solaires
Le plus gros des 28 projets d’investissements avait été dévoilé par Emmanuel Macron vendredi à Dunkerque, dans le Nord : 5,2 milliards d’euros (environ 7,6 milliards $CA) pour une giga-usine de batteries nouvelle génération du taïwanais ProLogium — qui ne les a encore jamais produites en grande série — avec 3000 emplois à la clé.
Le montant des subventions publiques pour ce projet, que Bruxelles doit encore valider, n’a pas été rendu public, mais se situerait entre 1 et 1,5 milliard d’euros, selon le journal Les Echos. Un montant que le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, n’a pas voulu confirmer.
Autre projet phare, l’implantation à Sarreguemines, dans l’est de la France, d’une usine de panneaux photovoltaïques par Holosolis, émanation du groupe européen Innoenergy, pour 710 millions d’euros (1 million $CA), représentant 1700 emplois.
Avec une production annuelle de 5 gigawatts, cette usine qui commencera à produire en 2025 sera « capable de rendre indépendants un million de foyers européens par an » en électricité, a expliqué à l’AFP le président de Holosolis, Jan Jacob Boom Wichers.
Dans l’énergie également, la jeune pousse Newcleo annonce 3 milliards d’euros d’investissements sur la période 2025-2030 pour développer un petit réacteur nucléaire modulaire de type SMR.
Parmi les autres projets, le géant suédois de l’ameublement Ikea annonce 906 millions d’euros d’investissements en France d’ici 2026, dont la création d’un centre logistique près de Toulouse.
Dans le secteur pharmaceutique, Pfizer injecte 500 millions d’euros supplémentaires et le Britannique GSK, près de 400 millions.