Athènes plaide l’erreur humaine après un accident ferroviaire

Pour une raison inconnue, les deux trains circulaient sur la même voie « depuis plusieurs kilomètres », a précisé mercredi un porte-parole du gouvernement grec.
Photo: Vaggelis Kousioras Associated Press Pour une raison inconnue, les deux trains circulaient sur la même voie « depuis plusieurs kilomètres », a précisé mercredi un porte-parole du gouvernement grec.

Le premier ministre grec, Kyriákos Mitsotákis, a imputé mercredi la catastrophe ferroviaire qui a fait 43 morts la veille à une erreur humaine, au moment où la polémique enflait dans le pays sur l’état du réseau, que beaucoup jugent vétuste.

« Tout montre que le drame est dû, malheureusement, principalement à une tragique erreur humaine », a dit le chef du gouvernement, qui s’est rendu sur les lieux et a décrété un deuil national de trois jours.

Plus tôt, son ministre des Transports, Kóstas Karamanlís, avait annoncé sa démission.

L’accident est survenu tard mardi soir entre un train comptant 342 passagers et 10 employés à bord, qui reliait Athènes à Thessalonique, dans le nord du pays, et un convoi de marchandises. Ils se sont heurtés frontalement alors qu’ils se trouvaient, pour une raison indéterminée, sur la même voie depuis plusieurs kilomètres.

Le chef de la gare de Larissa, la ville la plus proche de l’accident, en Grèce centrale, a été arrêté dans la journée, a confirmé une source judiciaire à l’Agence France-Presse (AFP). Il est poursuivi pour « homicides par négligence » et pour avoir été à l’origine de « blessures corporelles ».

La plupart des victimes sont « des jeunes », a souligné le premier ministre grec : de nombreux étudiants rentraient à Thessalonique après un long week-end, puisque lundi dernier était un jour férié en Grèce. Racontant avoir rencontré des proches de victimes, Kyriákos Mitsotákis a indiqué, lors d’une brève intervention télévisée enregistrée : « Ils m’ont demandé “pourquoi”. Nous leur devons une réponse honnête. »

Sécurité déficiente ?

Sous la violence du choc, survenu peu avant minuit, heure locale, les locomotives et les wagons de tête ont été pulvérisés et les chefs des deux trains, tués sur le coup.

Le président du syndicat des chefs de train OSE, Kostas Genidounias, a dénoncé le manque de sécurité, selon lui, sur cette ligne qui relie les deux principales villes de la Grèce. « Toute [la signalisation] est faite manuellement. C’est depuis l’an 2000 que les systèmes ne fonctionnent pas », s’est-il emporté sur la chaîne de télévision ERT.

Photo: Giannis Papanikos Associated Press Des débris de trains gisent sur les voies ferrées après une collision à Tempe, au nord d'Athènes.

Auparavant, il avait également confirmé à l’AFP qu’« aucun système de sécurité, télécommande et feu de circulation ne fonctionnait ».

Contacté par l’AFP, le groupe public italien Ferrovie dello Stato, qui administre la société de chemins de fer Hellenic Train, privatisée en 2017, n’a pas fait de commentaires dans l’immédiat.

Des images montraient des wagons calcinés dans un enchevêtrement de pièces métalliques et de fenêtres brisées. D’autres wagons, moins endommagés, gisaient sur le côté tandis que des secouristes utilisaient des échelles pour tenter de dégager des survivants et deux grues géantes pour transporter des morceaux des carcasses des trains.

La collision s’est produite à la sortie d’un petit tunnel au-dessus duquel passe une autoroute reliant Athènes à Thessalonique.

Le « train de la terreur »

« Le travail des pompiers et des sauveteurs est très difficile, ils sont en train de rechercher […] les corps calcinés », a quant à lui expliqué Konstantinos Giannakopoulos, le président de l’Union des médecins de Larissa, sur la chaîne de télévision publique ERT.

« C’était le train de la terreur », a déclaré aux journalistes Pavlos Aslanidis, dont le fils est porté disparu ainsi qu’un de ses amis.

À Larissa, où des blessés ont été transportés, le maire Apostolos Kalogiannis a parlé de « flots d’ambulances amenant des brûlés, des amputés, tout ce qu’on peut imaginer ».

« Nous avons ressenti la collision comme un grand tremblement de terre, a raconté à l’AFP un passager, Angelos, 22 ans, sur les lieux de l’accident. Heureusement, nous étions dans l’avant-dernière voiture et nous en sommes sortis vivants. Il y a eu un incendie dans les premières voitures, et la panique s’est ensuivie. C’est un cauchemar que j’ai vécu […] Je tremble encore… »

Quelque 500 personnes participaient mercredi aux secours, a précisé le porte-parole du gouvernement.

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