Bakhmout sous les assauts des Russes, un drone s’écrase près de Moscou

Un soldat blessé dans la région de Donetsk reçoit des soins médicaux, le 22 février.
Libkos Associated Press Un soldat blessé dans la région de Donetsk reçoit des soins médicaux, le 22 février.

L’armée ukrainienne a fait état mardi d’une situation « extrêmement tendue » autour de Bakhmout, épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine et cité que les troupes russes tentent d’encercler.

En Russie, l’armée a rapporté avoir abattu plusieurs drones ukrainiens qui visaient des infrastructures civiles, sans faire de dégâts. Pour la première fois, l’un d’entre eux s’est écrasé dans la région de la capitale, Moscou.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a affirmé que les pays membres de l’Alliance étaient « d’accord » pour que l’Ukraine en devienne membre, comme elle le réclame, mais que cet objectif serait atteint « à long terme ».

Malgré une importance stratégique contestée par les experts, Bakhmout est devenue un symbole de la lutte pour le contrôle de la région industrielle du Donbass. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui s’était rendu sur place en décembre, avait juré de défendre cette ville-forteresse « aussi longtemps que possible ».

« La situation aux alentours de Bakhmout est extrêmement tendue », a relevé mardi le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, cité par le centre de presse officiel de l’armée.

Selon lui, le groupe paramilitaire russe Wagner, en première ligne dans cette bataille, tente de « percer la défense de nos troupes et d’encercler la ville ».

Le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, a revendiqué tour à tour dans les dernières semaines la prise de localités entourant Bakhmout. Soledar est tombée en janvier, puis Krasna Hora en février, et samedi Iahidne, située aux portes de la ville.

Conséquence de cette lente poussée russe, trois des quatre routes permettant aux Ukrainiens d’approvisionner Bakhmout ont été coupées, ce qui ne laisse plus comme voie de sortie que celle menant à l’ouest vers Tchassiv Iar, au sud de laquelle les Russes essaient également de progresser.

Photo: AFPTV Vue aérienne de la ville de Bakhmout, le 27 février

« Bakhmout va tomber »

Bakhmout, qui comptait 70 000 habitants avant la guerre, a été en grande partie détruite par les combats, qui ont provoqué de lourdes pertes dans les deux camps. Quelque 5000 civils, dont environ 140 enfants, y demeurent malgré le danger, selon les autorités.

M. Zelensky avait reconnu lundi soir que la situation aux alentours de Bakhmout devenait « de plus en plus compliquée » pour les soldats ukrainiens, qui ont décrit des scènes rappelant celles de la Première Guerre mondiale.

Les militaires ukrainiens interrogés par l’AFP à Bakhmout lundi ont affirmé garder le moral.

« Nous ne pouvons pas connaître toute la situation opérationnelle, mais nous sommes ici, nous ne nous sommes pas enfuis », a déclaré un soldat de 44 ans dont le nom de guerre est « Kaï ».

« Non seulement Bakhmout, mais la Crimée et tout le reste : nous allons tout récupérer », a renchéri « Died », 45 ans, en tirant sur une cigarette.

« Fox », 40 ans, est plus pessimiste : « Je comprends contre quel pays nous nous battons […] Ils ont des gens intelligents là-bas, des gens qui savent comment se battre. Ils pensent, ils apprennent, de la même façon que nous. »

« Je pense que Bakhmout va probablement tomber », a-t-il lâché, évoquant un manque de munitions et d’effectifs côté ukrainien.

Drones en Russie

La Russie a de son côté affirmé mardi qu’un drone ukrainien s’était écrasé mardi à une centaine de kilomètres de Moscou, non loin d’une station de compression de gaz. Trois autres ont été abattus ailleurs dans le pays, sans faire de dégâts.

Plusieurs incidents impliquant des drones se sont produits dans les derniers mois sur le territoire russe, parfois très loin du front en Ukraine, mais c’est la première fois qu’un drone est signalé près de la capitale.

Ces affrontements se déroulent après que la guerre en Ukraine est entrée, la semaine dernière, dans sa deuxième année.

 

Sur le plan diplomatique, le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, allié de Moscou qui s’est refusé jusqu’à présent à un engagement direct dans le conflit autrement qu’en laissant les forces russes opérer depuis son territoire, est arrivé mardi à Pékin.

La Chine, partenaire de Moscou sur la scène internationale, a proposé la semaine dernière un document en 12 points dans lequel elle exhorte Russes et Ukrainiens au dialogue, mais aussi insiste sur le respect de l’intégrité territoriale et s’oppose à tout recours à l’arme nucléaire.

Si les Occidentaux ont globalement accueilli cette intervention diplomatique chinoise avec scepticisme — le président français, Emmanuel Macron, a annoncé ce week-end se rendre à Pékin en avril —, le président Zelensky s’est dit prêt à « travailler » avec Pékin et a annoncé son intention de rencontrer lui aussi son homologue Xi Jinping.



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