Après un an de guerre, «nous n’avons pas craqué», lance Zelensky

L’Ukraine « n’a pas craqué » et triomphera de la Russie, a assuré jeudi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la veille du premier anniversaire de l’invasion de son pays par la Russie.
Le même jour, à New York, l’Assemblée générale de l’ONU a symboliquement exigé le retrait « immédiat » des troupes russes, appelant à une paix « juste et durable », tandis que les ministres des Finances du G7, réunis en Inde, ont exhorté le Fonds monétaire international à accorder une aide à l’Ukraine.
À lire aussi
- Notre section spéciale Un an de guerre en Ukraine
- Huit constats sur les armes utilisées par les deux camps en Ukraine
Sur le terrain, fortifiés par le soutien des Occidentaux, avec des annonces jeudi par des pays européens de livraisons d’armes lourdes et par les États-Unis de sanctions supplémentaires « considérables » contre la Russie, les Ukrainiens continuent d’opposer une résistance farouche aux forces russes.
Mais s’ils ont infligé des revers d’envergure à Vladimir Poutine, qui a tour à tour dû renoncer à prendre Kiev, abandonné le nord puis le nord-est de l’Ukraine et enfin Kherson, la grande ville du sud, les combats font toujours rage dans l’est, dans la région industrielle du Donbass, que la Russie veut absolument conquérir en totalité.
« Nous n’avons pas craqué, nous avons surmonté de nombreuses épreuves et nous triompherons. Nous demanderons des comptes à tous ceux qui ont apporté ce mal, cette guerre sur notre terre », a proclamé jeudi Volodymyr Zelensky.
À Moscou, Vladimir Poutine est, quant à lui, allé déposer des fleurs sur la tombe du Soldat inconnu à l’occasion de la Journée du défenseur de la patrie, avant de s’entretenir par -10 °C avec des militaires sur la place Rouge.
La veille, il avait encore une fois revendiqué les régions occupées d’Ukraine comme étant des « terres historiques » russes et accusé Américains et Européens de vouloir anéantir la Russie.
Une rhétorique guerrière reprise jeudi par son ministre de la Défense : « Instrumentalisant l’Ukraine, l’Occident cherche à démembrer la Russie […], une tentative vouée à l’échec. »
Du côté ukrainien, on soupçonne Moscou de préparer une nouvelle vague de bombardements de l’Ukraine pour vendredi, date anniversaire du déclenchement du conflit, lancé le 24 février 2022.
« Pire année »
Déjà éprouvés par « la pire année de leur vie », des Ukrainiens qui ont été notamment plongés dans le noir et le froid après la destruction par des bombardements russes d’une bonne partie de l’infrastructure énergétique du pays espèrent que la « victoire est devant eux ».
En cette fin février, les pénuries de courant sont largement surmontées, mais la guerre déclenchée le 24 février 2022 par Moscou demeure dans les esprits.
« Je suis sûre que la victoire est devant nous, mais nous ne savons pas combien de temps nous devrons attendre et combien de victimes il y aura encore avant que ce genre de chose n’arrive. C’est la seule chose qui préoccupe tous les Ukrainiens maintenant », confie Diana Chestakova, 23 ans, employée dans une maison d’édition.
Un artiste suisse a projeté mercredi soir sur des bâtiments publics de Lviv des images à la gloire de l’Ukraine : champ de tournesols, colombes de la paix, emblème ukrainien et le chiffre 365. Un spectacle dominé par les couleurs jaune et bleue de l’Ukraine.

Le premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, s’est rendu jeudi en Ukraine pour manifester son soutien, après le président américain, Joe Biden, lundi et la première ministre italienne, Giorgia Meloni, mardi.
Il a confirmé la fourniture de six chars Leopard 2 et espéré pouvoir en envoyer quatre de plus dans les prochains mois. La Finlande a annoncé en envoyer trois.
Experts et observateurs s’attendent à ce que les belligérants montent chacun des offensives dans les semaines à venir.
« Temps de la guerre froide »
Le président Poutine a juré cette semaine de poursuivre « méthodiquement » son offensive en Ukraine, dans un discours à la rhétorique anti-occidentale rappelant la guerre froide.
De son côté, le chef de la marine italienne a fait savoir jeudi que la marine russe avait fortement accru sa présence en Méditerranée depuis le début de la guerre en Ukraine et avait une « attitude agressive », ce qui poserait « un risque d’incident ».
« Un tel niveau » de présence de navires russes « n’a pas été observé même au temps de la guerre froide », a-t-il souligné.
Le groupe Wagner dit qu’il recevra des munitions
Sur le plan militaire, le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a annoncé jeudi l’envoi de munitions à ses hommes en Ukraine.
« Aujourd’hui à 6 h du matin, ils ont annoncé que l’envoi de munitions débutait », s’est félicité M. Prigojine dans un message transmis par son service de presse sur les réseaux sociaux, affirmant que « les principaux papiers ont été signés ».
Cette annonce intervient au lendemain d’un appel inédit à l’armée d’envoi de munitions à ses hommes, appel qui illustre l’ampleur des tensions entre les mercenaires et l’état-major qui combattent côte à côte en Ukraine.
« Des obus, il y en a. Mais il faut que des politicards, des salauds, des ordures apposent leur signature » pour qu’ils soient livrés, s’était emporté M. Prigojine.
Mardi, il avait même accusé le chef d’état-major Valéri Guerassimov et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou de « trahison », estimant que l’objectif du haut commandement militaire était de « détruire » Wagner sur le champ de bataille, au moment où ses hommes tombent « par centaines », dit-il, chaque jour dans le Donbass.
Les tensions se sont accentuées ces dernières semaines, illustration des divisions qui sévissent au sein des forces russes à la veille de l’anniversaire du déclenchement de l’offensive, désormais enlisée face à la résistance d’Ukrainiens renforcés par l’aide militaire occidentale.
Jeudi, Evguéni Prigojine a tenu à remercier « ceux qui, y compris dans les hautes sphères, ont exercé des pressions et pris des décisions ».
L’envoi des munitions va « sauver des centaines, voire des milliers de vies de gars qui défendent leur patrie », a-t-il dit. « Vous leur avez donné la possibilité de continuer à vivre », a-t-il appuyé.