À Londres, Zelensky convoque l’Histoire

Volodymyr Zelensky n’est pas venu les mains vides à Westminster Hall, la plus ancienne bâtisse du parlement britannique. Il est arrivé avec une boîte à chapeau contenant le casque d’un as de l’armée de l’air ukrainienne. Même s’il n’a pas donné le nom du pilote, le message du président ukrainien aux parlementaires britanniques — et à ses alliés occidentaux en général — était clair : donnez-moi des avions de combat et je terminerai la guerre.
Après avoir été ovationné par les députés et les lords, l’ancien comédien a touché les cordes sensibles des Britanniques en évoquant les pilotes « si peu nombreux » qui défendent son ciel ukrainien contre l’invasion russe. Des décennies avant lui, le premier ministre Winston Churchill avait loué lui aussi les « quelques » pilotes de la Royal Air Force (RAF) qui ont sauvé la Grande-Bretagne de l’invasion nazie au cours de l’été 1940.
Derrière lui, éclairé par un soleil hivernal, se trouvait un immense vitrail en hommage aux membres du Parlement ayant perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale.
En mars, le président s’était déjà adressé au Parlement britannique, deux semaines après le début de l’attaque russe. Mais c’était par liaison vidéo. Cette fois, il était bien présent à Londres, pour une visite surprise restée secrète pour des raisons de sécurité. C’est seulement son deuxième voyage à l’étranger depuis le début de la guerre ; le premier était en décembre à Washington.
Le président Zelensky a rappelé sa dernière visite au Parlement britannique, il y a deux ans. À ce moment-là, en temps de paix, « je vous ai remerciés pour le thé délicieux ». Et aujourd’hui, a-t-il dit, « je quitterai le parlement en vous remerciant en avance pour les puissants avions anglais », des « ailes pour la paix ».
Les applaudissements du public, environ 2000 personnes, à propos des avions se sont faits plus discrets que pour le reste du discours. Car si le soutien à l’Ukraine ne suscite aucun débat dans la classe politique britannique, il existe une profonde ambivalence, comme dans les autres capitales occidentales, à l’idée d’être entraîné plus loin dans la guerre. Le chef du gouvernement conservateur britannique, Rishi Sunak, a cependant fait savoir, après le discours du président Zelensky, qu’il avait demandé à l’armée d’étudier de possibles livraisons d’avions tout en prévenant qu’il ne pouvait s’agir que « d’une solution à long terme ».
De Gaulle, Mandela et Obama
Peu de chefs d’État ont été invités à s’adresser à une session conjointe du Parlement dans le cadre grandiose de Westminster Hall. Charles de Gaulle en 1960, Nelson Mandela et Barack Obama comptent parmi ceux qui ont eu cet honneur.
Avant de quitter la salle historique, dont la construction a commencé en 1097, pour être reçu par le roi Charles III au palais de Buckingham, Volodymyr Zelensky a été chaleureusement salué par Rishi Sunak, son prédécesseur Boris Johnson, auquel le président ukrainien a rendu hommage dans son discours, et le leader de l’opposition travailliste, Keir Starmer.
Le président ukrainien a longuement discuté avec ce dernier, sachant probablement qu’il pourrait l’emporter contre M. Sunak lors des prochaines élections au Royaume-Uni, si les sondages disent vrai.
Mercredi soir, Volodymyr Zelensky a atterri à l’aéroport d’Orly près de Paris avant de dîner avec son homologue français, Emmanuel Macron, et avec le chancelier allemand, Olaf Scholz.