Semaine cruciale pour la réforme des retraites au Parlement et dans la rue

La semaine s’annonce cruciale en France pour la très contestée réforme des retraites, avec deux journées de forte mobilisation en vue contre ce projet pour le début de son examen par les députés et, en première ligne, un ministre affaibli par des soupçons de favoritisme.
La première ministre, Élisabeth Borne, a fait un pas dimanche en direction des députés de droite LR, dont les voix sont indispensables pour voter la réforme.
« Nous allons bouger en étendant le dispositif des carrières longues à ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans », ce qui leur permettra de « partir à 63 ans » à la retraite, a annoncé Mme Borne dans le journal français JDD, sans remettre en cause la mesure cardinale de la réforme, le recul de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Mais ce n’est pas suffisant pour le député LR du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont, qui veut que « tous ceux » ayant commencé à cotiser avant 21 ans soient concernés.
Le soutien de LR à la réforme semblait pourtant acquis depuis que ses principaux responsables avaient exprimé leur satisfaction d’avoir été entendus par le gouvernement le 10 janvier.
Mme Borne a par ailleurs assuré de toute sa « confiance » le ministre du Travail, Olivier Dussopt, en première ligne sur ce projet de loi, au moment où il est fragilisé par des soupçons de « favoritisme » dans l’attribution d’un marché public lorsqu’il était maire d’Annonay, une petite ville de l’Ardèche, il y a une quinzaine d’années.
Le camp du président Emmanuel Macron ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée. À cela s’ajoute la menace de défections internes, dont certaines au sein même du groupe macroniste Renaissance. Une dizaine de voix pourraient manquer au camp présidentiel lors d’un vote final.
Et les syndicats restent vent debout contre le recul de l’âge de la retraite, qui a déjà mobilisé un nombre record de manifestants les 19 et 31 janvier.
L’aménagement proposé dimanche par la première ministre a été qualifié de « rustine » par Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, le premier syndicat français, sur la radio France Inter.
Mobilisation sociale
Deux nouvelles journées d’action sont prévues, mardi et samedi.
Mardi, la circulation des trains sera de nouveau « fortement perturbée » en France, ainsi que celle des métros à Paris, selon les sociétés de transport SNCF et RATP.
La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé dimanche aux compagnies aériennes d’annuler préventivement un vol sur cinq mardi à l’aéroport parisien d’Orly, du fait d’une grève des contrôleurs aériens. « Des perturbations et des retards sont néanmoins à prévoir » sur les vols restants, prévient la DGAC, sans évoquer de restrictions pour l’autre aéroport parisien de Roissy.
De source sécuritaire, les autorités attendent mardi entre 900 000 et 1,1 million de personnes dans la rue, dont 70 000 à Paris.
Et, selon M. Berger, le point culminant de cette semaine de mobilisation sera le samedi 11 février.
Les grèves devraient une nouvelle fois concerner aussi particulièrement les secteurs de l’énergie et des raffineries, qui ont prévu de cesser le travail mardi et mercredi.
Mais l’heure n’est pas encore au blocage de l’économie, une stratégie décriée par les syndicats réformistes.