La Russie menace de «répondre» aux livraisons d’armes à l’Ukraine

Des pays occidentaux ont récemment accepté de livrer des véhicules blindés à l’Ukraine. Berlin lui offrira notamment des Leopard 2, que l’on voit ici lors d’une démonstration faite au ministre allemand de la Défense, mercredi, à Augustdorf.
Martin Meissner Associated Press Des pays occidentaux ont récemment accepté de livrer des véhicules blindés à l’Ukraine. Berlin lui offrira notamment des Leopard 2, que l’on voit ici lors d’une démonstration faite au ministre allemand de la Défense, mercredi, à Augustdorf.

Vladimir Poutine a juré jeudi avoir de quoi « répondre » aux Occidentaux livrant des armes à l’Ukraine, une menace qui intervient en pleines conjectures sur une nouvelle escalade militaire russe.

S’exprimant pendant les cérémonies du 80e anniversaire de la victoire soviétique à Stalingrad, il a établi un nouveau parallèle entre l’offensive de la Russie contre son voisin et la Seconde Guerre mondiale. Pour M. Poutine, le conflit en Ukraine s’inscrit dans l’héritage du triomphe de l’URSS face à Hitler, et il a accusé les responsables ukrainiens d’être des « néonazis » orchestrant le « génocide » des populations russophones du pays.

Jeudi, il a estimé que l’histoire se répétait avec la fourniture de chars allemands à l’Ukraine pour combattre la Russie. « C’est incroyable, mais des chars allemands Leopard nous menacent à nouveau », a souligné M. Poutine, qui s’exprimait de Volgograd (ex-Stalingrad), avant d’ajouter : « Nous avons de quoi répondre, et ça ne se limitera pas à des blindés. »

Dans la foulée, son porte-parole, Dmitri Peskov, a précisé que la Russie userait de tout son potentiel pour répliquer aux livraisons d’armes occidentales : « Quand apparaîtront de nouvelles armes fournies par l’“Occident collectif”, la Russie utilisera pleinement son potentiel existant pour répondre. »

M. Poutine avait tenu des propos similaires l’automne dernier, interprétés comme une allusion à l’arme nucléaire.

La Russie est en train de concen­trer ses forces, nous le savons tous. Elle veut se venger non seulement de l’Ukraine, mais aussi de l’Europe libre.

 

Après de longues tergiversations de crainte de provoquer une aggravation du conflit, les Occidentaux ont finalement récemment accepté d’envoyer des chars modernes à l’Ukraine, des Leopard de conception allemande, des Abrams américains et des Challenger britanniques. Mais Kiev n’a pas obtenu pour l’instant les missiles de haute précision d’une portée de plus de 100 km dont l’armée dit avoir besoin pour frapper les lignes logistiques russes.

Offensives à l’horizon

De nombreux observateurs jugent que Kiev comme Moscou planifient de nouvelles offensives pour la fin de l’hiver et le printemps. Après une série d’humiliants revers à l’automne, le Kremlin a d’ailleurs mobilisé des centaines de milliers de réservistes et multiplié ses attaques terrestres dans l’est de l’Ukraine.

Jeudi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a emboîté le pas à son ministre de la Défense, Oleksiï Reznikov, en déclarant que la Russie préparait une attaque d’envergure à l’approche du premier anniversaire du déclenchement de son assaut. « La Russie est en train de concentrer ses forces, nous le savons tous. Elle veut se venger non seulement de l’Ukraine, mais aussi de l’Europe libre », a-t-il déclaré en conférence de presse aux côtés de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Son ministre de la Défense avait relevé mercredi que Moscou se préparait « très sérieusement » pour « tenter quelque chose aux alentours du 24 février ».

À Kiev, Ursula von der Leyen a promis une fois encore un soutien sans faille de l’Europe à l’Ukraine et a dit travailler à des sanctions supplémentaires contre la Russie. Elle n’a pas donné le détail de ses intentions, mais a assuré que Moscou devrait « payer pour les destructions qu’elle a causées ». Elle affirme que les mesures punitives prises depuis un an ont déjà fait reculer l’économie russe d’« une génération », notant que le plafonnement du prix du pétrole russe exporté à 60 $ le baril coûtait 160 millions d’euros par jour à Moscou.

Un peu plus tôt, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait brocardé Ursula von der Leyen, la comparant aux nazis. « N’est-ce pas du racisme, du nazisme et une tentative de régler la question russe ? » a-t-il demandé, comparant la situation à « la solution finale de la question juive » — en d’autres mots, l’Holocauste organisé par le régime d’Adolf Hitler.

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